Aviva : L’assureur britannique pris pour cible par Cevia

Le siège d'Aviva France
Le siège de l'assureur Aviva France.

L’investisseur activiste Cevian a annoncé mardi avoir pris une participation de près de 5% au capital de l’assureur britannique Aviva dont il espère des réductions de coûts plus ambitieuse et des gestes envers les actionnaires.

Cevian, qui se présente comme le numéro un en Europe dans son registre, explique dans un communiqué avoir acquis environ 4,95% du capital d’Aviva. Fidèle aux méthodes des fonds activistes, il a construit cette participation minoritaire afin de faire entendre sa voix et d’influer sur la stratégie du groupe. “Aviva a été mal géré pendant de nombreuses années, et ses principales activités, qui sont de haute qualité, ont été entravées par des coûts élevés et une série de mauvaises décisions stratégiques“, déclare Christer Gardell,
associé et co-fondateur de Cevian Capital.

Il ne remet pas toutefois en cause la direction actuelle, estimant notamment que la directrice générale Amanda Blanc a pour objectif de “créer beaucoup de valeur pour les actionnaires“. A la tête du groupe depuis l’été 2020, Mme Blanc veut qu’Aviva se recentre sur ses activités au Royaume-Uni, en Irlande et au Canada, ce qui passe par un désengagement de marchés à l’international surtout en Europe continentale, notamment en France, et en Asie. Elle avait également indiqué vouloir récompenser sur la durée ses actionnaires, qui s’interrogeaient de longue date sur la cohérence et la stratégie du groupe.
Cevian salue les cessions annoncées récemment par le groupe mais plaide pour des réductions de coûts plus ambitieuses, d’au moins 500 millions de livres d’ici 2023.

Le fonds pense qu’Aviva est capable de verser à ses actionnaires 5 milliards de livres en 2022, avec un cours de Bourse qui pourrait dépasser 8 livres en trois ans et un dividende par action doublé à 45 pence. Le marché accueillait favorablement l’annonce de Cevian, si bien que le cours grimpait de 3,07% à 4,23 livres vers 12H20 GMT. L’annonce de Cevian “pourrait sembler étrange compte tenu du fait que les activistes poussent souvent pour des cessions d’actifs alors qu’Aviva vient de vendre plusieurs activités internationales“, souligne Russ Mould, analyste chez AJ Bell. “Toutefois, Aviva est assis sur un montant important de trésorerie“, ajoute-t-il.

Le fonds, créé en 2002, se présente comme un investisseur de long terme (5 ans en moyenne) dans des sociétés cotées européennes. Il gère 16 milliards de dollars d’actifs pour 350 clients (fonds de pension, fondations, fonds souverain, etc.). Il est présent actuellement dans les conseils d’administration de 11 entreprises dans six pays. Cevian, qui possède des bureaux à Londres, Stockholm et Zurich, est connu pour ses investissements dans le conglomérat industriel helvético-suédois ABB, l’équipementier télécoms suédois Ericsson ou la banque scandinave Nordea. Au Royaume-Uni, Aviva représente son troisième investissement dans le secteur de l’assurance, après RSA (2013-2021) et Old Mutual (2008-21014).

Pour Russ Mould, “l’activisme semble être un thème qui monte une nouvelle fois“. Il évoque notamment le cas du laboratoire pharmaceutique GSK (GlaxoSmithKline), visé par le fonds américain Elliott, dont la prise de participation n’a pas été chiffrée. Dans un rapport publié fin 2020, le cabinet de conseil Alvarez & Marsal estimait que 2021 devrait voir un rebond des campagnes activistes après une pause pendant la pandémie, ciblant en premier les entreprises fragilisées par la crise sanitaire.

Il évoquait même un regain d’intérêt pour les cibles britanniques, “les cadres de gouvernance et règlementaires étant particulièrement favorables à l’activisme dans le pays“.

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