Une affaire de bonnes-femmes ?

    Facteur d’équilibre social et d’épanouissement pour tous, la parité est également un « levier de performance de l’entreprise ».

    « Une affaire de bonnes femmes », c’est la réflexion jetée par Jacques Chirac, alors premier ministre, lorsque Valéry Giscard d’Estaing confiait en 1974 son projet de loi sur l’avortement à Simone Veil. Depuis, la moitié de l’humanité a fort heureusement compris que ce qui concernait l’autre partie était l’affaire de tous.

    Reste malgré tout un bout de chemin à accomplir. C’est dans les pays où les hommes freinent le moins l’évolution de la parité que la situation est la plus stable. Ni tout à fait exemplaire, sans être un modèle, la 5e puissance mondiale recule au 46e rang lorsqu’on parle de cette parité. Il est évident que la situation de la France est bien meilleure que dans les pays émergents, et que dans certains pays européens plus proches de la méditerranée, tels que l’Italie.

    Les pays anglo-saxons et surtout scandinaves, bons élèves dans toutes les disciplines, agacent en revanche par leurs performances : en Norvège, chaque sexe a sa moitié du gouvernement et la loi sur la parité a été mise sur le tapis en 2002. Et ce n’est pas vouloir prendre le sexe fort par les sentiments, que de rappeler qu’il a été montré que les entreprises qui respectaient le mieux la parité étaient également celles qui présentaient les meilleurs résultats.

    « Du bon équilibre nait la valeur ajoutée »

    « En Europe, il faut faire émerger une réflexion et démontrer que de la parité et du bon équilibre nait la valeur ajoutée » analyse Marie-Louise Antoni, conseillère du président de Generali France en charge du projet d’entreprise. L’étude menée en 2007 par le cabinet de conseils McKinsey sur la parité, sous titrée « levier de performance de l’entreprise », montrait par exemple que les entreprises qui privilégiaient la place des femmes dans leurs comités de direction affichaient des capitaux propres supérieurs de 10% et des résultats d’exploitation deux fois plus élevés. Si l’étude ne conclut pas que la performance revient aux femmes, la meilleure représentation des femmes dans les entreprises va de paire avec une meilleure gestion globale de celles-ci.

    Par ailleurs, former des femmes – largement majoritaires dans les universités, sans exploiter leur potentiel, est une perte de valeur ajoutée considérable. Selon l’étude McKinsey, la pénurie de 24 millions de salariés annoncée en Europe pour 2040 pourrait être réduite à 3 millions si les femmes avaient le même taux d’activité que leurs alter-ego.

    Mais c’est souvent lorsque les hommes sont touchés dans leur chair que s’accomplit la prise de conscience. « Je participe depuis l’origine au Women’s forum que j’ai contribué à créer », raconte Marie-Louise Antoni. « Un des sponsors de ce forum a été, et est toujours Carlos Ghosn, le patron de Renault. Quand on lui a demandé pourquoi il avait décidé de participer à ce forum et de l’aider financièrement, il a répondu : “mais moi j’ai des filles et mes filles elles sont intelligentes. Donc j’ai vraiment envie qu’elles aient les mêmes chances que les hommes.” »

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