Les enjeux de la réassurance de l’assurance de personnes

    La réassurance-vie, centrée sur la réassurance de personnes a signé une belle progression en France en 2011. Avec des assureurs qui s’intéressent de plus en plus aux marchés de la prévoyance et de la santé, la réassurance profite-t-elle de cet engouement ?

    En 2011, la réassurance vie, en France, a augmenté de 11% son chiffre d’affaires. Cette hausse, plus importante que celle enregistrée par la réassurance non-vie, est également remarquable dans les 7-8 dernières années, comme le notait l’Apref.

    Dans le détail, la réassurance vie, ou plus clairement la réassurance de personnes, se place principalement sur le marché de la prévoyance avec les garanties incapacité-invalidité, décès, chômage, accidents qui s’arroge 67,2% de la branche. Viennent ensuite les risques santé (14,3%), dépendance (13,6%) et enfin les autres garanties (4,9%).

    En regardant les évolutions, si la hausse globale atteint 11%, pour des acceptations, franchissant ainsi la barre de 1,9Md d’euros, la prévoyance augmente à elle seule de 13%, la santé de 8% et la dépendance de 6%. « La quasi-totalité du chiffre d’affaires des réassureurs en assurance de personnes est liée à des produits de risques biométriques : incapacité, décès, invalidité, dépendance, santé » explique Gilles Thivant, directeur du marché français chez Scor Global Life, qui réalise 550M d’euros de chiffre d’affaires sur ce marché en France et s’adresse à tous types de cédantes.

    Avant tout de la réassurance de prévoyance

    Avec un chiffre d’affaires de 1.300M d’euros en 2011 selon l’Apref, la réassurance de l’assurance prévoyance est en tête. « C’est un marché très tendu et difficile, qui n’est plus un marché en pleine expansion, ajoute-t-il, la réassurance est en relation directe avec l’activité d’assurance et peut donc être affectée par son ralentissement ». C’est le cas par exemple de la baisse d’activité sur l’offre de crédit dont les répercussions sont visibles sur l’assurance emprunteur et donc sur la réassurance.

    Dans un contexte économique un peu compliqué, les acceptations, pour la plupart en proportionnel, peuvent donc être orientée à la baisse. Mais ce marché de la prévoyance, qui représente les deux-tiers de la réassurance vie, est devenu un enjeu pour tous les assureurs français. De fait, les réassureurs peuvent nourrir quelques espoirs.

    Ce qui n’est pas le cas en santé, un marché plus compliqué encore avant tout parce que le risque santé n’est pas un risque avec des sinistres très lourd mais plutôt un risque de fréquence.
    Avec un montant de réassurance santé de 277M d’euros en 2011, soit 14% du total des acceptations en France, et alors que le marché de la santé dépasse les 17Mds d’euros en maladie et accident corporels, le taux de réassurance reste relativement faible, à moins de 2%.
    « La santé est un risque de fréquence que les grandes compagnies auto-réassurent » confie Pierre-Alain de Malleray, directeur général de MutRé, deuxième réassureur en assurance de personnes en France, « mais c’est pour nous un marché en croissance de par la typologie de nos cédantes ».

    Les fusions et rapprochements changent la donne

    Le réassureur spécialisé dans les mutuelles cible des entités de taille moyenne. « Pour nos services les demandes vont croissantes. Il y a trois raisons principales de se réassurer en santé : la réassurance de protection de marge, la réassurance de services (tarification, construction de gammes, modélisation Solvabilité 2) et la réassurance de financement » explique-t-il.
    Mais le paysage de la santé change. La grande concurrence entre les acteurs mettent à mal les petites structures. « La réassurance de protection de marge a vocation à baisser parce que les assureurs sont globalement bien capitalisés tandis que les mutuelles de petite taille qui le sont moins ont tendance à fusionner » entraînant un effet mécanique de moindre besoin de réassurance sur le bilan.

    « Lors des fusions de sociétés au sein d’un groupe, il est normal que se pose la question de l’uniformisation et de la rationalisation des politiques de réassurance, précise Gilles Thivant. Pour le réassureur, cela peut conduire à modifier les types de réassurance (proportionnel ou non proportionnel). Les solutions apportées sont différentes et les volumes de cessions peuvent être revus. Les besoins ne sont pas les mêmes entre une petite entité et un grand groupe. Ce n’est pas forcément une tendance à la réduction des volumes de réassurance car une fusion génère aussi des opportunités (nouvelles gammes de produits, nouveaux modes de distribution, protection de bilan…). »

    « Pour un acteur comme MutRé, bien implanté sur son marché, avec des clients fidèles, cela pourrait apparaître comme un risque majeur, parce que plus on se concentre et moins il y a de client, plus les groupes sont solvables et étoffent les services, les compétences et les directions techniques », renchérit Pierre-Alain de Malleray, « mais c’est surtout pour nous un facteur d’opportunité. C’est un signe du dynamisme du marché, que les lignes bougent, et que de petites entités se regroupent et augmentent leurs ambitions, se diversifient, ce qui développe les besoins de réassurance. » Pour MutRé, c’est même un accroissement du marché.

    Car au-delà de la protection de bilan, les mutuelles ont besoin de services que les réassureurs ont pris soins de développer ces dernières années. La réassurance de service, la réassurance de financement sont autant de marchés pour les cédantes qui trouvent ainsi certains moyens de leurs ambitions.

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