L’e-Call, les objets connectés, vont impacter l’assistance

    Le point sur les dernières évolutions du secteur de l’assistance et les défis auxquels vont devoir face les acteurs de ce marché avec Nicolas Gusdorf, président du Syndicat national des sociétés d’assistance (SNSA) et DG de Mutuaide Assitance.

    News Assurances Pro – Quelles sont les dernières évolutions majeures liées à l’assistance auto et au voyage, les activités historiques des sociétés d’assistance ?
    Nicolas Gusdorf : Pour l’assistance auto, nous constatons que les événements climatiques tels que les épisodes de neige, de grêle,… qui étaient auparavant exceptionnels tendent à devenir réguliers et se répercutent très largement sur l’activité des sociétés d’assistance. La crise impacte aussi le secteur, les conducteurs roulent moins mais les interventions tendent à progresser avec le vieillissement du parc auto et des véhicules moins bien entretenus. Autre tendance, une meilleure connaissance des garanties par les assurés, ce qui augmente leur utilisation. De plus, les évolutions sociétales, l’intégration croissante des technologies dans les véhicules, le développement de la franchise 0 km, concourent à une forte augmentation des interventions.
    Le secteur doit aussi s’adapter aux voitures électriques –un marché encore au stade du balbutiement– qui occasionne des pannes de nouvelles générations. Quant à l’assistance voyage, elle est impactée par les crises qui occasionnent régulièrement la fermeture des destinations et par l’amélioration de la prise en charge des centres de soins à l’étranger, ce qui nécessite moins de rapatriements. Néanmoins, la volonté des particuliers de partir avec un « risque zéro » en disposant d’un contrat incluant des garanties de rapatriement ainsi qu’une couverture des frais médicaux –au moins 150.000 euros est nécessaire–, contribue à la croissance de ce marché. Le secteur bénéficie également de la dynamique liée aux voyages d’affaires.

    – Et qu’en est-il des autres secteurs ?
    L’assistance habitation continue de croître mais à un niveau plus faible. Les services liés aux contrats d’assurance santé et habitation progressent du fait d’une meilleure connaissance des garanties par les assurés. Quant à la téléassistance, elle poursuit son développement avec environ 800.000 personnes abonnées en France. La marge de progression est encore importante, comparée à la Grande-Bretagne où cinq fois plus de personnes sont connectées.

    – Quels sont les axes de développement et les enjeux majeurs à venir pour les sociétés d’assistance ?
    Parmi les enjeux du secteur, l’e-Call, le bouton d’alarme qui sera systématiquement installé dans les véhicules en 2017. Nous souhaitons que les sociétés d’assistance réalisent le filtrage des appels alors que la Commission européenne compte tous les relier au 112. Nous voulons pouvoir adapter la réglementation européenne aux conditions du marché français qui, grâce aux sociétés d’assistance possède des systèmes qui ont fait leur preuve.
    Les objets connectés, les problématiques liés à la dépendance, l’aide aux aidants, le développement de la Silver Economie qui vise à favoriser le maintien à domicile des seniors, vont considérablement impacter notre secteur. Notre métier qui était basé sur une aide ponctuelle à une personne en difficulté tend vers l’accompagnement médico-social dans la durée. Autre défi, l’adaptation aux règles de solvabilité II qui nous imposent un quasi-doublement de nos fonds propres alors que nous couvrons des risques courts.

    – Le secteur est en progression. Quels sont les facteurs de cette dynamique ?
    Les sociétés d’assistance ont réalisé un chiffre d’affaires de 2,5Mds d’euros en France (+7,2%) en 2013 et de 6,4 milliards au niveau monde (+7%, après +6,8% en 2012). L’innovation et la réactivité sont notamment la source de cette dynamique. Pour répondre aux préoccupations de nos clients, à chaque nouvel événement climatique, géopolitique, sociétal, les sociétés d’assistance imaginent des solutions nouvelles.

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