Groupes de protection sociale : Un climat de rapprochements

    Plusieurs institutions ou groupes de prévoyance se sont regroupées ces derniers mois, une tendance qui risque de continuer cette année.

    Dans le domaine de la prévoyance, les fusions sont dans l’air du temps. Le 26 janvier dernier, Humanis et Novalis Taitbout ont fusionné pour donner naissance au 3e groupe paritaire français, Humanis. Le nouveau groupe totalise 10 millions de clients et 700 000 entreprises et se place premier en retraite complémentaire et en santé collective.

    Début juillet, si tout va bien, ce sont les groupes Mornay et D&O qui devraient fusionner, pour atteindre  2700 collaborateurs, 6,3Mds de cotisations retraite, et 1 Md de cotisations prévoyance. « Au total, ce sont 4 grands groupes paritaires qui vont dominer le secteur : Pro BTP, Malakoff Médéric, AG2R La Mondiale et Humanis » , détaille Bertrand Boivin-Champeaux du CTIP.  Sur un total de 51 institutions de prévoyance, une trentaine sont regroupées au sein de groupes de protection sociale.

    Les raisons de ces rapprochements ? Bien évidemment l’effet taille. Chez Mornay et D&O, l’objectif est d’entrer dans le top 5 des cotisations retraite Agirc Arrco et d’accroître la part de marché en prévoyance. « Au départ il y a eu le rapprochement de plateformes informatiques,  notamment en retraite, de réseaux de soins. Aujourd’hui cela va plus loin. Les entreprises adhérentes souhaitent de plus en plus de services et des garanties au meilleur coût, analyse Bertrand Boivin-Champeaux. C’est un marché très concurrentiel. »

    Peser dans les accords de branche

    Augmenter sa taille c’est aussi faire face à Solvabilité II et à ses exigences en termes de fonds propres, de contrôle interne et de gouvernance. Humanis devrait par exemple atteindre une marge de solvabilité de 355% grâce au rapprochement. De quoi permettre de peser sur les accords de branche (36 pour Humanis). « Cela donnera beaucoup plus de force et de crédibilité à nos réponses aux appels d’offre », note Franck Girardeau chez D&O.  Avec Mornay, le nouveau groupe va totaliser 18 accords de branches.

    Le but de ces fusions est aussi d’équilibrer l’activité des entreprises « entre les TPE et les grands comptes, entre l’individuel et le collectif, et même au niveau géographique », continue Franck Girardeau. La nouvelle entité devrait en effet disposer d’une trentaine d’implantations en province. Enfin, une grande taille signifie également un atout en termes de politique salariale : « Plus vous êtes grands plus vous attirez les meilleurs éléments », assure-t-on chez Mornay.

    Et ça continue…

    AG2R La Mondiale compte bien profiter de ce climat  et de son image attractive pour effectuer quelques rapprochements, comme avec Reunica qui est en phase de consultation (Malakoff Médéric et Apicil sont également de la partie). « Nous sommes bien armés car nous sommes importants en termes de taille et diversifiés en termes de lignes de produits, explique Philippe Dabat. Nous sommes probablement le groupe avec le meilleur équilibre entre l’individuel et le collectif. »

    Et les fusions devraient continuer, certaines sont même déjà en cours. « Pour le moment les groupes concernés doivent digérer leur fusion, prévoit Bertrand Boivin-Champeaux. Mais ces 4 grands pôles seront très probablement des sources d’attraction à l’avenir, avec l’agrégation des grands et des petits.» Ce qui est sûr, c’est que les fiançailles risquent de devenir de plus en plus sélectives.

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