Assurance-vie en ligne : au bord de la déconnexion ?

    Les courtiers d’assurance-vie en ligne se trouvent dans une période critique, dans un contexte économique et concurrentiel tendu.

    Les taux de rendement des contrats d’assurance-vie en ligne restent dans la fourchette haute du marché. « Nos coûts de fonctionnement très bas permettent d’offrir d’excellents rendements sur les fonds en euros (jusqu’à 3,60 % nets de frais de gestion en 2015). L’inflation étant quasi nulle en 2015, le rendement réel obtenu par nos épargnants n’aura jamais été aussi élevé, y compris avec notre contrat d’assurance vie luxembourgeois », assure François Leneveu, président d’Altaprofits.com. Mais l’écart se resserre avec les contrats d’assurance-vie traditionnels : « Les contrats en ligne augmentent petit à petit leur encours et ce sont des fonds plus récents, qui ne peuvent pas compter sur le rendement de vieilles obligations », souligne Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Les contrats distribués sur internet servent ainsi de 2,75% à 3,15% pour les fonds en euros d’e-cie Vie/Generali (distribués par exemple sur Boursorama) ; 2,90% pour Suravenir Rendement (sur Fortuneo), Puissance Vie (sur Assurancevie.com) et Abivie (sur Altaprofits) ; 3,60% Suravenir Opportunités (sur Fortuneo), ou encore entre 2,40% et 3,30% pour Titres@Vie (sur Altaprofits). Le rendement de BforBank Vie s’élève entre 2,66% et 3,51%.

    Les banques en embuscade

    C’est donc toujours une bonne affaire pour un épargnant que de souscrire un contrat en ligne, d’autant plus que les frais de gestion sont peu élevés, voire nuls dans certains cas. D’où la conviction de François Leneveu : « Il faut aborder l’assurance-vie comme un vrai débat de consommateur et dire aux épargnants d’arrêter de verser de l’argent sur de vieux contrats dont les rendements sont mauvais et les frais très élevés ». Pour autant, le marché ne décolle toujours pas, même si la consommation de produits financiers en ligne s’est démocratisée. Les contrats en ligne représente ainsi 3% de la collecte d’assurance-vie.

    Visuel_620x250

    La raison : « L’épargne financière des ménages se constitue rarement avant 40 ans. C’est donc un sujet pour ceux qui avaient 30 ans il y a 10 ans, et qui ne sont pas encore tous consommateurs de produits financiers en ligne. Même si la transition vers Internet est inéluctable, elle est néanmoins très lente. Cela devrait encore prendre une génération », estime Edouard Michot, président d’Assurancevie.com.

    Les courtiers pointent aussi du doigt la politique des banques, qui ne poussent pas le développement de l’assurance-vie en ligne. « Elles n’y ont pas intérêt, puisqu’elles collectent 63% de l’épargne assurance-vie en France. A l’heure actuelle, les consommateurs français perdent environ 3 milliards d’euros chaque année en frais injustifiés liés à leur assurance-vie. Des frais qui n’existent pas en ligne. Pour l’instant, les banques ne veulent pas se priver de cette manne et ne promeuvent donc pas les contrats en ligne… », constate François Leneveu.

    Concentration à prévoir

    Au final, certains acteurs de l’assurance-vie en ligne pourraient bien décrocher et le marché pourrait se concentrer sous peu. Premier mouvement l’an dernier : LinXea, racheté par Nexstage AM en septembre. « On observe une sorte de schisme entre deux types d’intervenants du marché de l’assurance-vie en ligne : d’une part les banques en ligne, qui se développent encore très rapidement, et d’autre part les courtiers indépendants, qui sont pour certains en difficulté. Dans ce contexte concurrentiel, le coût d’acquisition de nouveaux clients a fortement augmenté », affirme Edouard Michot.

    L’avantage compétitif reste sans nul doute la maîtrise des outils informatiques, et l’avance que les assureurs en ligne ont pris à ce niveau. L’arrivée des fintechs est presque pour eux un non-sujet : « Le récent développement des fintechs met un coup de projecteur sur les outils que nous mettons déjà à la disposition de nos épargnants depuis 15 ans déjà… et gratuitement. Notre vision stratégique devient donc un standard de qualité. Aujourd’hui, ne pas proposer ces outils aux épargnants est à notre sens une défaillance dans le devoir de conseil ! », François Leneveu.

    Que pensez-vous du sujet ?