Pas de date pour la sortie de crise de la Fed, mais des indices…

Le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), Ben Bernanke, a distillé mercredi quelques indices sur la stratégie de sortie de crise de son institution, sans donner aucune date sur la mise en oeuvre de la première étape.

Pour l’heure, l’économie américaine a toujours besoin d’une politique monétaire “très accommodante”, écrit M. Bernanke dans une déposition au Congrès, répétant le leitmotiv de la Réserve fédérale selon lequel le taux directeur de la banque centrale, quasi nul depuis plus d’un an, devrait rester “extrêmement bas” pendant encore longtemps.

Néanmoins, “à un certain moment, la Réserve fédérale devra durcir les conditions du crédit en élevant ses taux d’intérêt à court terme”, ajoute-t-il. “Nous avons passé un temps considérable à développer les outils dont nous aurons besoin” pour faciliter le retour à une politique monétaire normale, a ajouté le patron de la banque centrale, redisant être “absolument certain” que la Fed réussira l’exercice.

Acclamé pour avoir permis à l’économie américaine de passer le cap de la panique financière de 2008 grâce à une politique monétaire novatrice qui s’est traduite par l’injection de centaines de milliards de dollars dans le système financier, M. Bernanke a entamé un nouveau mandat de quatre ans à la tête de la Fed le 1er février.

Cette date a marqué la fin de quatre des programmes de soutien à la liquidité dans le système financier mis en oeuvre par la Fed, et il ne reste plus désormais que deux facilités dont la dernière est programmée pour cesser de fonctionner à la fin du premier semestre.

Par ailleurs, la Fed continue de soutenir le marché immobilier à l’origine de la crise, par le biais de programmes de rachats d’actifs destinés à faire baisser les taux d’emprunts hypothécaires. Ces programmes doivent s’achever le 31 mars, date à laquelle la banque centrale devrait y avoir consacré au total 1.425 milliards de dollars.

Ce calendrier étant connu, le monde aimerait connaître la suite, à savoir la façon dont la banque centrale de la première économie de la planète compte s’y prendre pour “dégonfler” son bilan qui a plus que doublé, mécaniquement, sous l’effet des mesures de soutien à l’économie.

Les marchés veulent aussi savoir comment la Fed entend piloter le resserrement monétaire annoncé afin de prévenir une éventuelle poussée de l’inflation, qui viendrait menacer la reprise en cours depuis l’été, et que la Fed prévoit lente en 2010.

M. Bernanke a indiqué au Congrès que la Fed pourrait relever “légèrement” son taux d’escompte (actuellement à 0,25%), qui définit le niveau auquel les banques peuvent se refinancer en urgence auprès de la Fed. Néanmoins, il ne faudra pas y voir un changement de cap pour la politique monétaire, a-t-il prévenu.

Il a ajouté que la banque centrale pourrait privilégier de communiquer temporairement sur le taux auquel elle rémunère les réserves excédentaires des banques placées à la Fed, plutôt que sur son taux directeur.

M. Bernanke laisse ainsi entendre que la hausse de la rémunération des réserves, qui devrait inciter les banques à remonter leurs taux d’intérêt à court terme, pourrait marquer la première étape du resserrement monétaire.

Mais la vente des énormes quantités de titres financiers acquis par la Fed, grâce à laquelle elle pourrait dégonfler son bilan et drainer hors de l’économie les centaines de milliards de dollars qu’elle y a injectés, n’aura pas lieu avant que “le resserrement monétaire n’ait été engagé”.

Pour Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, M. Bernanke “signifie clairement que [cela n’est] pas pour tout de suite”.

Washington, 12 fév 2010 (AFP)

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