De la difficulté à se réinventer à la volonté d’impulser demain

2020 a cédé sa place à 2021. On s’était promis un nouveau monde après cette crise sanitaire, sociale et économique inédite.

Malgré un soutien financier sans précédent de l’Etat, les inégalités sociales et générationnelles se sont accentuées. Les réseaux sociaux et la parole libérée dans les rues et sur les plateaux de télévision posent question et pourraient nous rendre parfois bien pessimistes. Notre modèle de santé et éducatif mis à mal par les réformes non réalisées ou peu adaptées, le futur de notre jeunesse qui hérite de nos enjeux climatiques et environnementaux et d’une dette publique pharaonique sont encore et pour longtemps au cœur des débats.

2022 sera une année d’élection présidentielle et cette élection à venir, créera comme les autres, sa période de gel des décisions et de revendications sociales avant, puis d’allégresse ensuite.

Plus que jamais, l’anticipation et la prédiction tant appréciées des assureurs que nous sommes se révèlent de plus en plus difficiles.

Alors dans ce contexte d’incertitude, de mise en échec des modèles de référence, de prospectives troubles, le marché de l’assurance a retrouvé ses mécanismes sécuritaires : hausse des taux et révision des conditions d’application des garanties. La réassurance, impactée fortement par les événements climatiques, poussant à ce nouveau redressement. Les mérites de chaque grand compte sont revus sur la base des efforts de prévention et protection réalisés, sur l’engagement des clients dans un partenariat véritable avec ses assureurs et valeurs qu’ils portent.

Mais d’évidence la baisse de rendement des investissements, l’augmentation tant de l’intensité que de la récurrence des catastrophes naturelles, la reprise, temporaire ?, de l’inflation et l’accroissement de la volatilité vont peser sur les comptes de la profession.

Que peut-on souhaiter dans ce contexte pour 2022 ?

Avec force, un rapprochement avec nos assurés. Depuis 2 renouvellements successifs, nos clients ont été sous tension et malgré tout, avec l’accompagnement déterminant de leurs courtiers, ont conservé un dialogue clé avec le marché. Replacer la relation au cœur des débats sera l’enjeu phare de 2022.

Aux assureurs de s’adapter à une vraie compréhension des enjeux de chaque secteur d’activité. L’assurance doit répondre à des besoins fondamentaux et ces besoins évoluent. Aujourd’hui, en risques industriels, les questions soulevées par la supply chain doivent être au cœur du dialogue. La nouvelle normalité conduit aussi à l’émergence de nouveaux risques. Eluder les risques premiers des assurés conduirait à la perte de notre profession. Et notre profession est vitale à l’économie.

La centralité de la qualité du service et des outils la permettant ne fait plus de doute en 2022. Chacun met en avant des solutions digitales permettant un service distinctif. Mais qui de nos clients, courtiers ou assurés, plébiscite un service lui apportant une forte valeur ajoutée ? Se mettre à la place du client pour mieux comprendre ce qui compte pour son organisation et bâtir une offre autour de cela, parlante et utile nous semble déterminant.

Revenir aux fondamentaux ferait partie intégrante du pacte de confiance pour renouer un dialogue tripartite (Assurés, Intermédiaires, Porteurs de risques) sain.

De même, la capacité des clients à être leur propre assureur à travers des véhicules captifs fait partie d’une stratégie globale de placement que les assureurs intègrent et doivent intégrer à leur réponse. La forte tendance amorcée en 2021 se poursuivra dans les mois et années à venir. Et qui sait si Paris ne deviendrait pas, à terme, le coche 2022 étant raté, une place attractive dans le paysage des Transferts de risques Alternatifs ? En tout cas, tout l’écosystème des captives, avocats, commissaires aux comptes, courtiers et gestionnaires, continueront à l’appeler de leurs vœux. Et le succès ne pourrait être qu’au rendez-vous compte tenu du nombre de projets de création en cours.

Les assureurs se sont emparés des sujets liés à l’environnement et les investissements responsables sont désormais mis en avant par les groupes. Un travail d’expert en soi. Certains assureurs développent également une politique de souscription qui prend en compte les efforts et enjeux des clients sur le sujet. 2022 devrait voir ces volontés devenir la norme pour l’ensemble de la profession.

En 2021 nous avons beaucoup parlé de nouvelle normalité pour nos salariés. Alors qu’en est-il aujourd’hui ? L’assurance a démontré sa capacité à recourir au travail à distance, et la continuité de service dont elle a fait preuve a institutionnalisé un mode opératoire hybride pour l’ensemble de la profession. Désormais les groupes réduisent les surfaces et les Directions et Ressources Humaines planchent sur la proposition faite aux salariés pendant les journées de présentiel qui permettra de renforcer les liens entre collaborateurs et équipes, de garder le collectif et la culture d’entreprise comme ciment unique de l’entreprise. Pas toujours simple à mettre en œuvre, notamment pour les managers, au centre de toutes les sollicitations et dans l’obligation de se réinventer en permanence. Mais 2022 sera sans aucun doute l’année de ces apprentissages et formations qui feront de nous des organisations plus résilientes !

Une année riche à venir qui, si elle tient ses promesses, nous permettra de construire durablement une relation forte entre tous les acteurs afin de relever ensemble les défis à venir.

N’oublions pas que les empires se construisent par la volonté et que nous avons le devoir, collectivement, de provoquer l’enthousiasme.

 

Veronique Perottino
Directrice Générale de MS Amlin France

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