Faillite Dubaï : la Banque centrale des Emirats arabes unis intervient pour rassurer les marchés inquiets d’un “lundi noir”

La Banque centrale des Emirats arabes unis a annoncé dimanche la mise à disposition de liquidités supplémentaires pour consolider le système bancaire et rassurer les investisseurs, secoués par la crise de la dette de Dubaï.

L’annonce de la Banque centrale, basée à Abou Dhabi où se concentre la richesse pétrolière, est intervenue à la veille de l’ouverture des marchés de Dubaï et d’Abou Dhabi où les analystes redoutent un “lundi noir”.

Dubaï a annoncé mercredi un moratoire d’au moins six mois sur la dette de son conglomérat Dubai World peu après la fermeture des bourses régionales pour le congé de la fête musulmane de l’Adha. Mais l’annonce a été très mal accueillie par les marchés asiatique, européen et américain, les investisseurs redoutant une insolvabilité de Dubaï pour sa dette publique de 80 milliards de dollars.

Dans un communiqué publié après un silence de trois jours des autorités, la Banque centrale assure qu’elle “soutient les banques émiraties et les branches des banques étrangères opérant dans le pays”.

Elle ajoute “mettre à la disposition de ces banques des facilités pour des liquidités additionnelles (…) à un taux de 50 points au-dessus” du taux interbancaire.

La Banque centrale affirme que “le système bancaire émirati est plus solide qu’il y a un an et dispose de plus de liquidités”, en référence à la crise financière mondiale qui a éclaté à l’automne dernier. “Le système bancaire est formé de banques commerciales ayant une base solide de dépôts stables, et ce modèle de banques a prouvé qu’il était le meilleur pour faire face aux répercussions de la crise financière mondiale”, écrit encore la Banque centrale.

Avec ces mesures, “les banques seront à l’abri”, a affirmé à l’AFP un responsable émirati ayant requis l’anonymat.

“C’est une mesure visant à calmer les investisseurs (…) les marchés devraient être plus calmes” lundi, a estimé pour sa part un analyste émirati Nasser ben Ghaith. “Sur le plan pratique, cette décision n’aura pas d’impact direct (…) les banques locales n’ont qu’un degré limité d’exposition à Dubai World, contrairement aux banques étrangères”, a-t-il ajouté.

Dubaï avait annoncé mercredi son intention de demander aux créanciers de son conglomérat Dubai World, le plus large et le plus endetté, qui contrôle notamment le géant de l’immobilier Nakheel, de surseoir de six mois, jusqu’au 30 mai 2010, au paiement de la dette arrivée à maturité.

La banque britannique HSBC est l’établissement étranger le plus exposé aux Emirats, avec des prêts à hauteur de 11,3 milliards d’euros fin 2008, selon l’Association des banques émiraties (EBA).

Face aux difficultés de Dubaï qui couvaient depuis le début de la crise financière mondiale l’an dernier, la Banque centrale était intervenue une première fois en souscrivant en février 10 milliards de dollars sur les 20 milliards de dollars de bons de trésor émis au début de l’année par l’émirat.

Mercredi, deux banques d’Abou Dhabi, National Bank of Abu Dhabi et Al-Hilal Bank, ont pour leur part souscrit à 5 milliards de dollars des obligations émises par Dubaï. Ces deux banques relèvent de l’Abu Dhabi Investment Council, un organisme du gouvernement de l’émirat d’Abou Dhabi, le plus riche des sept membres de la Fédération dont fait partie Dubaï.

Abou Dhabi produit plus de 90% du pétrole des Emirats, alors que les réserves d’or noir de Dubaï sont quasiment à sec, ce qui l’a poussé à diversifier son économie.

Paris, 29 novembre 2009 (avec AFP)