Epargne : Face à l’explosion des arnaques, les autorités créent une task force

ARNAQUES
Le risque d'arnaque au placement reste important.

En 2021, les plaintes de consommateurs reçues par la DGCCRF concernant le secteur de la finance et de l’épargne ont augmenté de 85%. En cause, notamment, une « explosion » du nombre d’usurpations d’identité.

Le 13 décembre, la Parquet de Paris, l’AMF, l’ACPR et la DGCCRF se sont exprimés lors d’une conférence de presse commune au sujet des escroqueries financières. Les autorités en ont profité pour faire le point sur l’évolution de ce « phénomène ». Alors que les plaintes et les signalements ont eu tendance à baisser lors des confinements à répétition en 2020, la DGCCRF enregistre un regain des plaintes des consommateurs en 2021.

En effet, « l’administration de la vie quotidienne des Français » enregistre sur l’année 728 signalements, contre 393 en 2020, soit une hausse de 85% sur un an. Pour rappel, en 2019, la DGCCRF enregistrait 636 plaintes de la part des consommateurs. « Les épargnants sont attirés par des placements alternatifs qui rapporteraient davantage que les produits financiers classiques. De plus, dans un environnement de taux d’intérêt bas, la situation laisse un bassin large aux escrocs qui peuvent alors se positionner en proposant des taux bas pour des emprunts et des taux de rendement plus hauts que ceux du marché », explique Patrick Montagner, premier secrétaire général adjoint de l’ACPR.

En détails, la DGCCRF a reçu en 2021, 74 plaintes concernant le secteur de l’épargne, contre 32 en 2020, 61 en assurance vie, contre 29 l’année précédente et 59 signalements dans le domaine de l’investissement, des fonds de pension et des titres, contre 32 en 2020. À cela s’ajoute 263 plaintes pointant du doigt les services financiers, alors que l’autorité en enregistrait 168 durant l’année précédente et 253 touchant le recouvrement de créances, contre 119 en 2020.

Hausse de 300% du nombre d’entités frauduleuses

Les arnaques de masse ont permis à l’ACPR d’identifier une progression de plus de 300% du nombre d’entités frauduleuses entre 2019 et 2021. L’autorité a mentionné un « phénomène de clonage » des sites permettant aux fraudeurs de basculer sur une autre page presque identique dès l’intervention des autorités sur la première. À la recherche de placement sûrs mais rémunérateurs, les épargnants enregistrent en moyenne une perte de 72.000 euros lorsqu’ils sont victimes d’une arnaque, selon l’ACPR. « Nous avons rencontré un cas dont les préjudices ont atteint 600.000 euros. C’est l’épargne d’une vie qui disparait », ajoute Patrick Montagner.

Du côté des arnaques non-bancaires ayant eu lieu en 2021, les terrains de jeux préférés des escrocs et ceux ayant généré les plus lourdes pertes sont le marché des chambres d’Ehpad, les places de parking, le Forex et les crypto-actifs.

La méthode la plus efficace pour duper de futures victimes est bien l’usurpation d’identité. Quelles concernent des acteurs ou des produits, elles ont permis en 2021 à 48% des offres frauduleuses de crédit et de livrets de s’effectuer, soit une hausse de 7 points par rapport à 2020. Par exemple, l’arnaque aux faux courtiers impose une double peine.

Dans le cas d’un rachat de crédit, l’épargnant pense vendre son crédit et se retrouve avec un nouveau crédit demandé en son nom par le « courtier » qui a empoché l’argent grâce aux documents transmis par l’épargnant lui-même.

Les jeunes et les réseaux

Avec des victimes de plus en plus jeunes, les arnaques au placement ont aujourd’hui trouvé de nouveaux canaux par lesquelles les escrocs peuvent pratiquer l’hameçonnage. Les réseaux sociaux et plus particulièrement les influenceurs composent ce qui s’appelle « les partageurs de bons plans ». Payés pour faire la promotion de sites et placements, ils représentent pour 2022, l’axe de contrôle prioritaire de la DGCCRF. Parmi les escroqueries repérées sur les réseaux sociaux, l’ACPR attire l’attention du public sur les offres frauduleuses de « crowdfunding », la solution permettant de se prêter de l’argent entre particuliers attise les appétits de faux intermédiaires en financement participatifs non-enregistrés auprès de l’Orias.

« Task force »

Contre ce fléau les autorités s’unissent. Face à la recrudescence des escroqueries sur les marchés financiers durant la crise sanitaire, le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance a ainsi proposé de la création d’une « task force » nationale de lutte. Pilotée par la DGCCRF, plusieurs ministères y prennent part ainsi que les services de l’État et autorités de contrôle.

En parallèle, les autorités insistent sur la prévention. Des campagnes vidéo circulent sur les réseaux afin de sensibiliser le grand public au risque d’arnaques financières sur la toile. L’AMF et l’ACPR continuent leurs mises en garde via leurs listes noires dont le nombre de sites inscrits a triplé depuis 2019. De plus, depuis le 3 décembre 2020, la loi dite DDADUE permet à la DGCCRF d’ordonner l’affichage d’un message d’avertissement destiné aux consommateurs sur un contenu illicite en ligne, de prendre une mesure de déréférencement du contenu, d’ordonner une mesure de blocage d’un nom de domaine, voire de demander la suppression ou le transfert du nom de domaine à l’autorité compétente.

Que pensez-vous du sujet ?