Edito/Top 5 : Des David contre des Goliath

Les petits se rebiffent au sein de la Mutualité française. En marge de la grand messe du congrès de Nantes, les fractures se sont fait jour. Sous couvert d’anonymat, un patron de mutuelle nous a fait part de son sentiment d’abandon, lui, un David parmi les David face aux Goliath existants ou en cours de création au sein de la fédération. Lassé, il a claqué la porte. Un témoignage que vous avez placé tout en haut de notre classement hebdomadaire.

Dans le même registre et en deuxième position de ce top 5, on retrouve l’un des porte-parole des petites et moyennes mutuelles, l’ADPM. Alors que la FNMF se félicite d’avoir obtenu une refonte du code de la mutualité, l’association marque, une nouvelle fois, sa défiance face à la superstructure. “Je ne lui fais pas confiance”, lance-t-elle, faisant le lien entre concentration du monde mutualiste et concentration des pouvoirs au sein de la fédération. Une fédération pilotée par les seuls intérêts des poids lourds de la mutualité qui aurait perdu son âme mutualiste, à en croire Jean-Louis Span. Ce dernier s’accroche alors à quelques chimères comme le fait de sortir la santé d’un principe de consommation. Ou la résurgence des mutuelles de village. Mais ce phénix là renaîtra-t-il de ses cendres mutualistes originelles ou ira-t-il puiser dans l’intermédiation pour retrouver son lustre d’antan ? Pour le moment, les deux schémas se côtoient. Reste à savoir lequel prendra le pas sur l’autre, si d’aventure les premières expériences menées à Avignon ou encore à Drancy faisaient tâche d’huile.

Autres David, mais appelés à devenir des Goliath, les petits frères d’Über qui en quelques années s’est payé le luxe de devenir un verbe (überiser) et un substantif (überisation). D’abord toisés, les hurluberlus de l’économie collaborative sont désormais scrutés de près par le secteur de la finance en général et de l’assurance en particulier. En même temps, comment passer à côté d’un AirBnB qui vise une valorisation à 24Mds de dollars ou un Über qui pourrait atteindre les 50Mds de dollars ? En Allemagne et en Angleterre, des initiatives de crowdinsuring commencent d’ailleurs à voir le jour. Du coup, voilà que l’on parle d’übérisation de l’assurance. Un pléonasme puisque, dans le principe, il s’agit de mutualiser les petits sinistres des assurés grâce à un pot commun construit par les primes versées par ces derniers… La définition même de l’assurance. En somme il s’agit essentiellement d’une nouvelle concurrence qui pourrait attirer d’autres acteurs géants du numérique et secouer les puces de l’assurance dite “à la papa”. A terme, les Goliath d’aujourd’hui pourraient devenir les David de demain.

En attendant l’arrivée hypothétique des mastodontes du web sur le marché de l’assurance en France, des groupes comme Covéa font partie des gros bras du secteur, avec un résultat net de près d’1Md d’euros. Présentés la semaine dernière, les résultats du groupe présidé par Thierry Derez échouent au pied du podium de notre classement hebdomadaire.

Retour dans le vivier du web avec les robo-advisors pour clore ce top 5. On connaissait les robots qui passaient l’aspirateur ou qui tondaient la pelouse pendant que l’on sirotait un cocktail. Voici ceux, virtuels, qui donnent la recette pour optimiser les placements en assurance-vie en fonction de son appétit pour le risque. Une aubaine pour pousser vers les unités de compte. Mais aussi un complément de choix pour aider les intermédiaires dans les arbitrages de leurs clients, à en croire les jeunes pousses de la Fintech comme Fundshop. En tout cas, pour ce dernier, l’argument est tout trouvé à quelques semaines de lancer une nouvelle levée de fonds de “plusieurs millions” d’euros.

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