Edito : Est-ce que tout est question de calendrier ?

De la rentrée politique à un meurtre dans l’Eurostar, il n’y a qu’un pas, vraiment tout petit…

Quel cataclysme en un week-end ! Le secteur de l’assurance va connaître un nouveau ministre de l’économie, son troisième depuis l’élection de François Hollande le 6 mai 2012.

Le poste n’est certes pas le plus facile en période de crise, et les raisons politiques l’emportent manifestement sur la raison d’Etat, celle qui place, a priori, les ministres au-dessus des partis le temps d’une charge. Les questions ne devraient pas tarder à trouver des réponses, surtout quand tant de décrets restent à prendre et que l’horizon économique est loin de s’éclaircir.

Les taux d’intérêt n’en finissent pas de chuter, malgré cette vision bien sombre, à tel point que l’OAT français a atteint son plus bas historique ce 25 août à 1,26%. Dans une Europe qui tourne au ralenti, alors que les crises politiques s’ajoutent à la crise économique, il faut parfois un peu de fiction pour s’imaginer une rentrée plus douce.

Edito de rentrée“, “rentrée littéraire“, “quand la réalité dépasse la fiction“, je ne sais même plus comment titrer ce texte, tant les événements se bousculent dans l’actualité, à l’image de cumulonimbus dans le ciel parisien du mois d’août.

J’avais prévu de parler, à une semaine de l’officielle rentrée littéraire, du polar que signe Arnaud Chneiweiss, actuel secrétaire général du Gema, mais également écrivain (Lecture urgente, Editions Le Manuscrit) comme il le confirme avec Meurtre dans l’Eurostar (Cherche Midi, 17 euros).
L’actualité de ce lundi 25 août m’a pressé de conclure cet édito. Sans dévoiler l’histoire, et sans me prendre pour un critique que je ne suis pas, je peux dire que le récit est enthousiasmant, à la fois par les aspects des personnages décrits que par le meurtre en lui-même et, à bien des égards maintenant, par le contexte.

Meurtre dans l’Eurostar n’est pas qu’un polar mêlant un meurtre mystérieux et des personnages (tous) suspects. Il s’introduit dans les cercles de pouvoir politique (avec pas moins de 3 rencontres entre ministres et Président de la République) et financier, par les banques et les fonds d’investissement. Jamais par l’assurance. Preuve qu’Arnaud Chneiweiss garde une certaine pudeur de son milieu ? Il est certain qu’il conserve de très bons souvenirs de ses passages à Bercy (1997 – 2000).

L’action se situe dans un futur proche mais anticipé. Un inventeur brillant et idéaliste cherche désespérément des fonds pour mener à bien ses travaux. Il choisit une avocate pour approcher de possibles investisseurs, à commencer par l’Etat.

Dans ce futur la France est notée BBB par Standard and Poor’s, flamants et wallons se sont partagé la Belgique et l’Angleterre est sortie de l’Union Européenne. Un futur avec une question centrale de souveraineté… économique ! L’avenir de l’Europe, les enjeux de la finance, les idéaux du ministre sont autant de clefs de lecture intéressantes .

Loin d’une enquête policière en bonne et due forme, ou d’une complexité des maîtres du genre, la justesse du livre, se trouve dans le chassé-croisé des (anti-)héros. Une jeune avocate originaire de Trappes, un ministre de l’Economie et des Finances, une auteure en préparation d’un ouvrage et un invité “surprise” offrent quatre points de vue pour décrire ce qu’il s’est passé dans cet Eurostar.

Avec quelques clins d’oeil disséminés ça et là et un récit à quatre voix, Arnaud Chneiweiss signe un roman plaisant, où s’expriment à la fois des idées et du talent.

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