Chronique : Les Réassureurs face à un cycle bas prolongé et une demande en évolution

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La baisse des tarifs dans la réassurance dure plus longtemps qu’attendu par de nombreux acteurs.

L’industrie épuise ses options tactiques pour contrer la baisse des prix et n’a pas encore adapté sa stratégie. Les réassureurs continuent de se diversifier vers l’assurance primaire et la réassurance proportionnelle pour compenser la baisse des tarifs en réassurance non-proportionnelle, mais cela devient moins bénéfique car les marchés primaires connaissent maintenant une pression négative sur les prix. Résultat, les primes nettes souscrites par les réassureurs mondiaux notés ont baissé de 2% en 2015. Des mesures telles que le contrôle des coûts ou l’arbitrage de portefeuille ont des avantages plus durables. Les réassureurs qui parviennent à contrôler leurs dépenses plus facilement que leurs pairs pourraient absorber les baisses de prix sans sacrifier leurs marges. Cependant, en général, les dépenses tendent à augmenter dans l’industrie, à l’image des coûts d’acquisition (+2,6% des primes au cours des cinq dernières années.)

Nous prévoyons que la rentabilité de l’industrie mondiale de la réassurance continuera à s’affaiblir en 2017, avec un ratio combiné entre 100% et 104% et un rendement des capitaux propres de 7% à 9%. Cette prévision est basée sur des pertes pour risques catastrophiques égale à la moyenne sur dix ans.

Cependant, le total de fonds propres dans l’industrie reste proche des niveaux records et la capitalisation des réassureurs nous paraît suffisante pour résister à un large éventail de chocs importants, comme une chute des marchés, une catastrophe naturelle majeure, la détérioration des bénéfices, ou un risque d’actifs accru. Nous ne prévoyons donc pas de changements de notes significatifs sur les 12 prochains mois

D’autre part, nous pensons que le fossé entre les plus grands réassureurs et le reste du marché continuera de se creuser. A moyen terme, cela pourrait peser sur les notes des plus petits réassureurs. La part des primes mondiales des 10 premiers réassureurs a augmenté depuis 2010, de 67% à 74% du total du marché de la réassurance. Leur structure de capital et leurs profils diversifiés leur donnent plus de flexibilité stratégique et d’options tactiques.

A long terme, les réassureurs pourraient également voir leur pertinence concurrencée sur le terrain de l’innovation produit. Bien qu’ils ne semblent pas encore s’attaquer activement à ce risque, nous pensons qu’il est temps que les réassureurs repensent leur positionnement stratégique dans l’économie mondiale et comment ils continueront d’apporter de la valeur aux assureurs primaires en offrant une protection contre les risques en constante évolution. À long terme, une réponse insuffisante aux nouvelles demandes des assureurs primaires expose la réassurance à des perturbations profondes susceptibles d’affecter leur paradigme de fonctionnement.

Taos Fudji
Directeur, S&P Global Ratings

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