Santé : Les propositions de Benoît Hamon et Manuel Valls

Après le premier tour de la primaire de la gauche, Benoît Hamon et Manuel Valls sont qualifiés pour participer au deuxième tour qui aura lieu dimanche prochain. Les propositions des deux candidats de la gauche en matière de santé sont divergentes.

En remportant 36,5% des voix, Benoît Hamon arrive en tête de la primaire de la gauche, suivi de Manuel Valls, qui obtient 31,1% des suffrages. Les propositions des deux candidats en matière de santé son différentes. Si Manuel Valls s’oriente vers un renforcement du rôle de la Sécurité sociale dans le remboursement des soins, Benoît Hamon, propose plutôt d’étendre la généralisation de la complémentaire santé à tous les Français. Concrètement, l’ancien premier ministre propose de supprimer le ticket modérateur pour certains soins dits « de ville ». Manuel Valls n’a pas précisé le périmètre de cette mesure ni le chiffrage. Il propose également de finir avec les dépassements d’honoraires des médecins en secteur II et de doubler le budget de la prévention santé.

Benoit Hamon, pour sa part, envisage d’étendre les aides à l’accès aux complémentaires santé à toute la population, indépendamment du statut professionnel ou personnel. Pour y parvenir, il compte mieux repartir les 8 milliards d’euros d’aides publiques actuelles (Ani et avantages Madelin) en les faisant bénéficier aux fonctionnaires, aux retraités, aux étudiants et aux chômeurs de longue durée. Une partie de ces aides sera destinée à financer la Sécurité sociale.

L’assurance maladie universelle sur la table

Le sujet de la santé suscite des prises de positions tranchées à droite comme à gauche. A l’opposée de François Fillon, qui pendant le débat de la primaire de la droite proposait de confier les « risques lourds » à l’Assurance maladie et les « petits risques » aux assurances complémentaires, l’idée d’une assurance maladie universelle a fait son apparition dans le débat. Dans une tribune publiée sur Le Monde, Martin Hirsch, Directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et l’économiste Tabuteau proposent « d’étendre l’assurance- maladie à l’ensemble des dépenses de santé, en incluant dans la Sécurité sociale la couverture complémentaire, aujourd’hui essentiellement assurée par les mutuelles et les assurances. Il s’agit ni plus ni moins d’étendre à l’ensemble de la France, en le complétant, ce qui existe déjà en Alsace-Moselle. Une assurance-maladie vraiment universelle, ce n’est pas une utopie, ce n’est pas un rêve coûteux, c’est une source d’économies et d’amélioration ». M. Hirsch et D. Tabuteau critiquent le système de remboursement à deux étages, l’Assurance maladie dans un premier temps, et l’assurance santé complémentaire dans un deuxième temps. Ils remettent en cause les frais de gestion qui représenteraient 6,5 milliards pour l’Assurance maladie (4% des coûts) et 6 milliards pour les assureurs complémentaires (19% des dépenses).

L’idée d’assurance maladie universelle a de quoi donner des frissons aux assureurs et mutuelles mais avec l’éviction d’Arnaud Montebourg et Vincent Peillon de la course à la présidentielle, cette proposition de supprimer les assurances complémentaires n’est pas portée par aucun des candidats de la primaire de la gauche.

Thierry Beaudet, le président de la FNMF, critique cette idée d’assurance maladie universelle et s’interroge sur la capacité de la Sécurité sociale d’assumer 42 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. « Rayer les mutuelles de la carte affaiblirait et déséquilibrerait notre système de santé. En les supprimant, la société française se priverait non seulement d’assureurs solidaires non lucratifs, mais aussi de milliers de militants de la solidarité sur les territoires, d’acteurs globaux de santé. », affirme T. Beaudet dans une tribune de Le Monde.

Interrogé sur cette proposition de couverture maladie universelle, un dirigeant du secteur s’exclame : ” C’est très populiste ça ! Nous avons un axe de dépenses de santé de plus en plus lourd. Les prélèvements obligatoires ont atteint leurs limites. Je ne connais aucun pays qui a abandonné le tout État pour revenir au tout État ! “.

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