Faire des assureurs des acteurs au service du « capital santé

Catherine Touvrey, directrice générale d'Harmonie Mutuelle

Edito – Newsletter Mai 2017

5 Questions à Catherine TOUVREY

Catherine Catherine Touvrey, Directrice Générale du Groupe Harmonie Mutuelle, était l’invitée du déjeuner-débat du CercleLAB le 31 mars dernier.
De ces échanges, est ressortie l’image d’une femme passionnée par son métier d’assureur, d’acteur de la protection sociale et incarnant un mutualisme moderne et convaincu.

Q : Qu’est-ce qu’être acteur de la santé « global » et, multimétiers ?

C.T. : Notre ambition, c’est d’accompagner nos adhérents et les entreprises que nous protégeons. C’est aussi d’accompagner les évolutions de la société. Nous devons avoir une vision large des enjeux de la santé. Il ne suffit plus pour cela de raisonner autour de la simple question de la la garantie financière. Notre objectif c’est de déployer un ensemble de services et de prestations qui nous permette de faciliter l’accès aux soins, -de garantir un « reste à charge zéro » et d’accompagner nos adhérents lorsqu’ils doivent faire face des coups durs.
Aujourd’hui, je constate que le sujet de la santé est très présent dans les débats publics et dans les stratégies des assureurs. Harmonie en est un acteur historique qui a investi massivement cette thématique au croisement du médical, du social et de l’économique, au travers d’actions concrètes : enrichissement en services des offres d’assurance articulée autour des principaux moments de vie, prévention (en 2016, plus d’un million de personnes ont bénéficié d’informations ou actions de prévention, expérimentations avec les pouvoirs publics afin de mettre en place de réels parcours de santé à destination de personnes atteintes de pathologies chroniques, solutions d’ingénierie sociale pour contribuer à résoudre la fracture sociale, conception de services à destination des entreprises pour une meilleure prise en charge de la santé dans le cadre du travail.
Pour répondre à l’ensemble des enjeux, notre stratégie s’appuie sur 4 piliers. Harmonie doit être 1) une mutuelle, porteuse d’un projet de société, 2) multimétiers, dépassant donc la simple question du remboursement des soins, 3) technologique, en nous appuyant sur les leviers numériques, et 4) humaine en nous appuyant sur un management par la confiance.

Q : Quelle est la dynamique du rapprochement avec MGEN ?

C.T. : Le rapprochement entre Harmonie et la MGEN, a vocation à capitaliser sur une complémentarité évidente entre une mutuelle affinitaire et une mutuelle interprofessionnelle, pour atteindre bien sûr une taille critique permettant de relever les défis de la protection sociale.
Il s’agit de créer un groupe, offrant à ses adhérents une gamme de produits et de services complète allant bien au-delà de la complémentaire santé.
Il s’agit également de viser une réponse intégrée sur l’ensemble de la chaîne de valeur, avec un recours limité au courtage et à la délégation de gestion, c’est-à-dire de maîtriser par nous même ce que nous considérons comme les éléments clef de la chaîne de valeur.
Pour réussir un tel rapprochement, il faut aller vite et mettre le plus de choses en commun rapidement, installer des équipes dédiées, fédérer les équipes et installer la notoriété autour d’une marque fédératrice. Nous avons déjà beaucoup avancé : les équipes sont en cours de constitution au sein de nouveaux locaux, notre stratégie se structure. L’Assemblée générale constitutive du groupe est prévue mi-septembre. Ce sera le top départ officiel.

Q : Que représente pour vous le « livre III » ?

C.T. : Le livre III, spécificité des mutuelles 45, constitue un formidable atout. Grâce à nos crèches, nos cliniques, nos services de mises à disposition de dispositifs médicaux, nos services d’ambulance et aussi nos services dans le domaine des obsèques… nous pouvons offrir à nos adhérents un véritable parcours de soins et d’accompagnement. Dans le cadre du groupe, le livre III est un pilier important de la stratégie (grâce notamment à la mise en commun des services de soins de la MGEN et ceux de l’environnement Harmonie).
Notre objectif, c’est de mettre à disposition de la population des structures de prise en charge performantes et innovantes, et contribuer ainsi à la dynamique et à la variété de l’offre sur le territoire français.

Q : Quelle place pour l’innovation…et les startups, dans la stratégie d’Harmonie ?

C.T. : Dans un environnement concurrentiel exigeant et dans un contexte réglementaire chaque jour plus contraignant, les deux leviers du développement sont d’une part un réseau de distribution performant et d’autre part la capacité à inventer les métiers de demain et à répondre aux nouveaux besoins des adhérents.

Sur le second volet, notre stratégie est fondée sur un mix entre « intrapreneuriat » et travail avec des startups. Nous essayons pour ce faire de promouvoir un état d’esprit tourné vers l’open innovation, et une dynamique d’équipe qui incite à « penser hors du cadre ». Notre organisation doit nous nous permettre de créer une proximité, une connivence avec les start-up, en permettant le développement de synergies et le croisement des cultures. Nous avons plusieurs partenariats industriels, notamment avec Orange. Nous promouvons des initiatives innovantes au sein par exemple de la cité connectée d’Angers. Et nous favorisons l’éclosion de nouvelles approches par le biais par exemple de la « Care factory » à Nantes où nous accueillons des startups, ou encore par le biais de notre partenariat avec Ticket for Change qui accompagne de jeunes entrepreneurs engagés socialement.

Q : Quel a été l’impact de la généralisation de la complémentaire santé et de la fin des désignations ?

C.T. : Harmonie est un acteur présent sur les accords de branche depuis de nombreuses années, avec 62 branches servies à ce jour.
Le groupe observe avec attention les impacts induits par le regroupement à venir des branches professionnelles.
Concernant la généralisation de la complémentaire santé, l’impact a été moins important et moins concentré dans le temps que ce qui avait été anticipé par le marché. Cela s’est traduit par une sorte de « jeu à somme nulle » entre individuel et collectif. Cette évolution a pu être gérée de façon efficace par un groupe dont l’activité est très équilibrée entre collectif et individuel.

Pour conclure, je dirais que le « capital santé » n’a jamais été autant au cœur des préoccupations individuelles et collectives de notre société. Je rêve d’un groupe qui soit l’acteur le plus complet de l’entretien de ce capital tout au long de la vie… et qui contribue à ce que les assureurs soient considérés comme de véritables acteurs utiles de ce changement !

Catherine TOUVREY, Directrice Générale de HARMONIE MUTUELLE

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