Concerts Johnny Hallyday : assureurs ou producteur, qui assumerait le coût d’une annulation ?

La possible annulation mercredi du reste de la tournée de Johnny Hallyday, actuellement hospitalisé à Los Angeles, laisserait à son producteur une ardoise de plusieurs millions d’euros qui pourrait néanmoins être prise en charge par les assureurs.

Le producteur Jean-Claude Camus doit annoncer mercredi si l’artiste assurera ou non les 24 derniers concerts de la tournée, qui comptait au total 94 dates et a démarré début mai.

M. Camus avait indiqué lui-même cet été que la tournée était assurée pour 30 millions d’euros, dont 10 pour les deuxième et troisième parties, de fin septembre à fin novembre puis de début janvier à mi-février.

L’arrêt de la tournée, intitulée “Tour 66”, déclencherait l’indemnisation de M. Camus par les assureurs à hauteur de plusieurs millions d’euros, pour peu que la cause de l’annulation, en l’occurence une hernie discale, ne fasse pas l’objet d’une exclusion dans le contrat d’assurance.

Contacté par l’AFP, le courtier Ovatio, qui coordonne la couverture de la tournée, s’est refusé à tout commentaire. “La première cause d’annulation, ce sont les maladies de courte durée, comme le rhume ou la grippe saisonnière, qui sont très difficiles à exclure des contrats”, explique Chris Rackliffe, de l’assureur spécialisé Beazley. Mais dès lors que le dossier médical mentionne une fragilité particulière, “elle sera exclue ou les garanties seront limitées d’une manière ou d’une autre”, ajoute-t-il.

Omettre, volontairement ou non, une maladie, une opération ou une lésion, fait courir à l’artiste le risque de ne pas être indemnisé.

Pour n’avoir pas déclaré une intervention chirurgicale survenue cinq ans plus tôt, Britney Spears et son promoteur ont ainsi perdu plusieurs millions de dollars en 2004 après l’annulation de la tournée de la chanteuse américaine pour cause de blessure au genou.

Or, si les hanches de Johnny Hallyday, toutes deux opérées durant les années 80, étaient déjà sous surveillance, on ne lui connaissait pas de problèmes de dos. Les premières références à une hernie discale ont été faites par le chanteur lui-même quelques semaines avant son opération du 26 novembre.

Mais l’avocat du chirurgien Stéphane Delajoux, qui a opéré l’artiste, a jeté le trouble vendredi en évoquant une première intervention pratiquée en 2008, “sans rapport direct avec la dernière intervention en date”. Une première opération du dos pourrait avoir incité les assureurs à exclure, partiellement ou totalement, ce risque des garanties.

Sans exclusion, le producteur serait alors indemnisé, même en cas de soupçon d’erreur médicale ou de faute du chirurgien, les assureurs ne pouvant se retourner que dans un second temps contre le praticien.

De manière générale, l’assurance des artistes de plus de 65 ans (Johnny en a 66) est plus complexe et surtout plus onéreuse que pour les chanteurs dans la force de l’âge, précise Nicholas Barnacott, du courtier Assurevents. “D’autant plus s’ils chantent du rock et qu’ils enchaînent les dates”, ajoute-t-il, prenant comme contre-exemple Charles Aznavour, qui a choisi de faire très peu de concerts et n’a pas une scénographie exigeante.

De sources concordantes, les primes d’assurance, qui oscillent entre 1 et 2% du montant assuré pour des artistes jeunes sans risque particulier, dépassent systématiquement 3 ou 4% après 65 ans et peuvent monter jusqu’à 10% dans les cas les plus extrêmes.

Cependant, le décès de Michael Jackson en juin quelques semaines avant le début d’une tournée mondiale ou l’accident mortel qui a frappé la tournée de Madonna lors de son passage à Marseille en juillet n’ont pas bouleversé le marché, explique Olivier Matos, du courtier Aon, pour qui “l’appréciation du risque se fait toujours de la même façon”.

Paris, 15 déc 2009 (AFP)

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