Assurance / Agriculture : Une couverture contre la météo pour les agriculteurs Africains

La Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, expérimente actuellement des assurances contre les aléas météorologiques pour les petits agriculteurs en Afrique, a déclaré jeudi son vice-président exécutif Lars Thunell dans un entretien avec l’AFP.

Cette innovation est confrontée à de nombreuses difficultés, de l’absence de statistiques qui rend imprévisibles les sécheresses en Afrique subsaharienne aux insuffisances des compagnies d’assurance locales. « Les petits agriculteurs africains sont confrontés à deux risques majeurs », a expliqué Lars Thunell, de passage à Paris.

Le premier est la volatilité des prix des matières premières, l’une des priorités de la présidence française du G20. La SFI, chargée du secteur privé au sein du groupe Banque mondiale, essaie « d’aider les banques locales à développer des mécanismes de couverture pour les petits agriculteurs », a expliqué son patron.

Les aléas météorologiques et particulièrement les sécheresses représentent le second risque. Grâce à une aide de l’Union européenne, la SFI met au point « une assurance météo », a-t-il poursuivi. L’idée, expérimentée dans des pays d’Afrique de l’Est comme le Rwanda, est « d’offrir aux agriculteurs un produit qui leur serve à la fois de financement et d’assurance météo ».

« On leur donne un financement, et si par exemple ils sont confrontés à une forte sécheresse, ils sont dispensés de rembourser », a détaillé l’ancien assureur et banquier suédois, à la tête de la SFI depuis 2006. Selon lui, de tels produits sont « très complexes » à mettre au point mais « assez simples à comprendre » pour les clients. Et « c’est mieux que de se contenter de venir en aide après coup », a-t-il assuré.

Cela implique toutefois de surmonter de nombreux obstacles. « Il faut travailler avec les gouvernements sur la régulation, développer les bases de données statistiques pour aider les compagnies d’assurance locales à chiffrer le risque, renforcer les capacités de ces compagnies et les faire travailler avec les grandes compagnies d’assurance internationales », a énuméré Lars Thunell.

« Si la météo est trop imprévisible, il est trop difficile pour les compagnies d’assurance de donner un prix au risque et donc leur produit sera trop cher » pour les petits paysans, a-t-il reconnu. « Mais s’il y a une régularité raisonnable, si l’on sait par exemple que l’on risque d’être confronté à une sécheresse environ tous les cinq ans, alors c’est faisable » a-t-il assuré, insistant sur la nécessité de disposer au préalable de statistiques fiables.

Lars Thunell a aussi affirmé que « quelques grandes compagnies de reassurance comme Swiss Re, Munich Re et d’autres » étaient « de plus en plus intéressées » par ces activités. La SFI a accru son intervention dans l’agriculture africaine depuis la crise alimentaire de 2008. Ce secteur représente un portefeuille de 260M de dollars, dont 100M d’investissements nouveaux l’an dernier – un chiffre qu’elle espère doubler d’ici 2013. Mais ce n’est encore qu’une petite partie du portefeuille de l’institution financière internationale, qui s’élève à 3,2 milliards de dollars pour l’Afrique subsaharienne.

Paris, 9 juin 2011 (AFP)

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