AMRAE 2013 : Panorama des risques dressé par les assureurs

Au terme de l’Amrae 2013, les assureurs ont passé en revue les risques dominants et émergents : Catnat’, globalisation du risque, supply chain, cyber risques, ETI…

Comme traditionnellement, l’Amrae 2013 s’est conclue, vendredi 8 février, par une revue de l’état du marché des assurances des grands risques. Lors d’une grande table ronde, l’Amrae a donné la parole aux assureurs (Zurich, Axa Corporate Solutions, XL Insurance, ACE Europe).

Les cat’ nat’, qui avaient marqué le marché en 2011, ont nettement moins affecté les assureurs. En 2012, ils ont dû assumer environ 60Mds de dollars de charges liées à ces événements contre 121Mds en 2011.

En fin d’année, le marché a toutefois encaissé le passage de la tempête tropicale Sandy. Elle s’est chiffrée à environ 25Mds de dollars. « Elle devrait entraîner une hausse des tarifs de 10% grosso modo aux États-Unis mais avoir un impact mineur pour les assureurs européens », a estimé Jeff Moghrabi, DG France d’ACE Europe.

Dommages en difficulté

Depuis plusieurs années, la branche dommage est régulièrement proche de la zone déficitaire et un besoin de primes supplémentaires se fait sentir. Mais Philippe Rocard, DG d’Axa Corporate Solutions, a insisté sur l’aspect de long terme des primes qu’il faut lisser et sur la maîtrise des résultats et la solidité financière des assureurs. Dans ce cadre, les « long term agreement » sont un outil intéressant pour les assurés, en permettant de moduler les tarifs en fonction d’une meilleure qualité de prévention mais « ce ne sont pas des “futures” comme sur les marchés financiers qui permettraient de bloquer l’évolution du marché », a tempéré le DG d’Axa Corporate.

Les assureurs ont également porté leur attention sur la branche automobile qui devrait s’inscrire en hausse, d’environ 5%. La branche maritime a connu une recrudescence des naufrages (dont ceux du Concordia ou du Napoléon Bonaparte, très médiatisés) en hausse de 15-16%. Sandy a aussi causé de lourd dégâts sur les ports américains. Conséquence: les primes devraient être majorées.

Les branches longues ont été aussi malmenées, sous l’impact de la crise économique qui pousse à la baisse les prix des industriels et ceux des assureurs et les décisions de baisse des taux des banques centrales.

Globalement, le marché offre toujours de fortes capacités, ne devant pas logiquement pousser les prix à la hausse.

Supply chain, émergents, cyber risques, ETI…

De nouvelles tendances se dessinent. Le risque de supply chain s’étend de plus en plus dans les émergents avec l’internationalisation des firmes. «Des zones d’approvisionnements nouvelles sont créées et il est souvent difficile de repérer les risques, de les cartographier, il règne une certaine opacité», a souligné Kadidja Sinz, DG France de XL insurance. Pour mieux appréhender les risques de supply chain, de nouveaux modèles acturiels s’imposent qui «modélisent non seulement les risques passés mais aussi les risques prédictifs créés à partir de scénarios définis en commun avec nos clients», a ajouté Kadidja Sinz.

Dans les pays émergents, des assureurs locaux entrent aussi en compétition avec les assureurs occidentaux. Ils apportent des polices d’assurances locales pertinentes et des nouvelles capacités pour les firmes étrangères. Les assureurs présents à la table ronde ont affirmé ne pas vouloir rentrer dans une guerre de prix, préférant défendre les atouts du marché français: «des programmes globaux, une offre riche et transparente des assureurs et des courtiers, de l’expérience et des compétences, des capacités importantes, un accompagnement et une compréhension des clients lors de sinistres qui va au-delà d’un bon policy wording…», a fait valoir Anne Charon, Présidente de Zurich.

Les cyber risques devraient aussi occuper de plus en plus les RM comme de nouveaux risques systémiques. «En France, la Cnil est allée au devant de la commission européenne, les besoins en termes de protection des données des clients vont s’exprimer très vite, on observe à une croissance à deux chiffres de l’activité pour certaines types d’assurances», a observé Jeff Moghrabi, DG France, d’ACE. En France, les capacités seraient d’environ 100M d’euros seulement ce qui poussent, les RM à compléter les contrats ailleurs.

Les ETI comme cibles principales

Enfin, les besoins des PME et les ETI sont aussi identifiés en puissance. Affrontant aussi des grands risques, ils n’ont pourtant pas la même résilience que les grands comptes. «Pour 39% des ETI, la pérennité de l’entreprise est remise en cause en cas de sinistres majeurs», a souligné Kadidja Sinz chez XL Insurance.

Les carences fournisseurs les fragilisent encore plus que les grandes entreprises. Les ETI ont besoin de produits sur-mesure. Par exemple, «les assureurs leur proposent des produits de gestion de crise, un problème récurrent car le chef d’entreprise est souvent seul pour affronter une crise, il remplace les services juridiques, de communication, financiers… bien rodés dans les grandes entreprises», explique Philippe Rocard pour Axa.

Pour les assureurs, les ETI sont aussi un moyen de diversifier leur portefeuille et de réduire la volatilité.

Crédit Photo : Zigazou76 – Flickr

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