Espagne : La nature des risques en assurance vie et non-vie évolue

Le drapeau espagnol.
Le drapeau espagnol.

CHRONIQUE – Les assureurs espagnols continuent d’afficher une forte rentabilité technique, y compris en comparaison avec d’autres marchés européens.

Prospectivement, nous considérons toujours que les risques sont faibles pour le marché non-vie et intermédiaires pour le marché vie pour les années à venir. Néanmoins, un certain nombre de défis qui sont apparus au cours de l’année 2022 vont perdurer. Principalement, la remontée des taux d’intérêts impulsée par les banques centrales en réponse à la forte inflation, a créé un nouveau contexte que les acteurs du marché doivent appréhender.

Même problématique qu’en France sur le dommage

L’inflation a notamment entrainé une augmentation sensible du coût de la sinistralité des branches automobile et santé. Pour ces deux branches, le redémarrage de l’activité économique depuis la fin des restrictions sanitaires liées à la pandémie, ainsi que l’augmentation du coût des réparations ou de l’utilisation des services de soins, ont détérioré leur rentabilité technique. Particulièrement, nous restons attentifs à la faible rentabilité technique de la branche grands risques d’entreprises, qui n’est pas rentable sur les dernières années, avec un ratio combiné moyen supérieur à 100%.

Néanmoins, une bonne maitrise de la tarification et des politiques de provisionnement ont permis au marché dans son ensemble de maintenir une rentabilité forte pour l’exercice 2022. Nous anticipons le même comportement pour 2023 grâce à la capacité des acteurs à augmenter les primes, et projetons un ratio combiné aux alentours de 93%.

Un régime cat’ nat’ qui amortit les chocs

Structurellement, nous considérons que l’exposition des assureurs privés aux risques de forte intensité liés aux catastrophes naturelles est amoindrie par la couverture nationale offerte par le Consorcio de Compensacion de Seguros. Il s’agit d’un organisme jouant un rôle similaire à celui de la Caisse Centrale de Réassurance en France, et qui réassure les acteurs du marché à faible coût grâce à la mutualisation des risques au niveau national.

Nous considérons également le Baremo, qui correspond aux tables de dédommagement applicable aux sinistres liés aux accidents de la circulation, comme un facteur de stabilisation des résultats techniques. En effet, ces tables permettent une tarification et une politique de provisionnement stable. Nous nous attendons à ce que l’indexation de 8,5% qui a été appliquée en janvier 2023 soit transmise aux assurés sous forme d’augmentation tarifaire de même ampleur.

La sensibilité aux taux se réduit

Pour le marché vie, nous apprécions notamment l’alignement quasi parfait entre les actifs et les passifs pour une grande partie des provisions mathématiques, ce qui réduit significativement la sensibilité au risque de taux. De plus, le risque de rachat est limité car de nombreux produits d’épargne vie ne garantissent le capital investi ainsi qu’un taux de rendement qu’à la maturité du produit. Cette spécificité des contrats limite le risque d’un manque de liquidité. La remontée des taux offre aussi des opportunités aux assureurs espagnols dans leurs perspectives de développement.

Pour rappel, l’assurance vie est moins développée en Espagne qu’en France ou en Italie par exemple. Le volume de primes a sensiblement baissé au cours des dernières années. Les assureurs ont à nouveau l’opportunité de proposer des contrats offrant une rentabilité plus attrayante après une période prolongée de taux bas. Néanmoins, alors même que le marché reste concentré, la concurrence n’en est pas moins intense.

La volatilité des marchés financiers a également affecté le bilan des acteurs, entrainant dans certains cas des réductions sensibles de plus-values latentes, ainsi qu’une diminution notable du niveau des capitaux propres.

Néanmoins, nous constatons que les ratios de solvabilité II pour le marché, tous acteurs confondus, demeure en ligne avec les années précédentes à un niveau solide autour de 235%.

Simon Virmaux
S&P Global Ratings

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