Chronique : La baisse du Ogden Rate perturbe les assureurs automobiles anglais et gallois

La city à Londres

Le 27 février 2017, le Ministère de la Justice du Royaume-Uni a annoncé une forte baisse du taux Ogden, qui passe de 2,5% à -0,75%. Etant donné les sommes en jeu pour le type d’indemnités concernées, même une légère variation aurait suffi à produire des conséquences néfastes pour les assureurs exposés.

Le taux Ogden est le taux d’actualisation utilisé en Angleterre et au Pays de Galles pour le calcul des réserves liées à la couverture des dommages corporels graves aux particuliers (Damage Act de 1996). Plus ce taux est faible, plus les indemnités exigibles et, par conséquent, le niveau des réserves à enregistrer sont élevés. Le taux Ogden précédemment en vigueur s’élevait à 2,5% depuis 2001, époque à laquelle les taux d’intérêts étaient significativement plus élevés qu’aujourd’hui.

Les assureurs automobiles sont les plus touchés par cette forte baisse du taux Ogden car ils couvrent la majeure partie des dommages corporels, principalement consécutifs aux accidents de la route des particuliers.

Si certains assureurs avaient anticipé et provisionné les effets d’un éventuel changement du taux d’actualisation, très peu s’attendaient à une baisse aussi significative. Sur l’exercice 2016, Direct Line a enregistré une provision reflétant une chute du taux à 1,5% tandis qu’Ageas projetait une baisse à 1%.

L’écart entre ces hypothèses et la réalité illustre l’ampleur inattendue de cette décision. Ageas a par la suite annoncé un ajustement post-clôture entrainant un impact additionnel de 100 millions d’euros sur son résultat net. Direct Line ne versera quant à lui aucun dividende spécial cette année, ce qui revient à diviser son ratio de distribution de dividendes par deux. Leader sur le marché de l’assurance automobile, Direct Line enregistre par ailleurs une baisse de son résultat opérationnel de 23% en 2016, contre une augmentation qui aurait atteint 11% sans la réforme.

En dépit d’une intense concurrence au sein du secteur de l’assurance automobile Outre-Manche, nous pensons que les assureurs répercuteront l’essentiel des conséquences sur les assurés. Ainsi, nous estimons que le renforcement des réserves accélèrera le rythme du durcissement des tarifs entamé au cours des deux dernières années, notamment avec l’augmentation de la taxe sur les primes d’assurances.

A ce stade, nous n’envisageons pas d’action sur les notes des assureurs britanniques, mais nous continuons à suivre de près les mesures prises afin de faire face à cette soudaine augmentation de charge.

Charlotte Chausserie-Laprée, analyste junior
S&P Global Ratings

Que pensez-vous du sujet ?