La Matmut a prévu d’organiser un referendum auprès de son réseau en vue d’expérimenter la semaine en quatre jours. Les syndicats sont divisés.
La direction de la Matmut et l’ensemble des organisations syndicales (CFDT, SN2A-CFTC, CGT et CFE-CGC) ont signé le 26 juillet un accord triennal sur l’expérimentation du télétravail dans le réseau. Le texte prévoit de prolonger l’expérimentation actuelle dans les agences ayant au moins 5 collaborateurs. Leurs collaborateurs peuvent, s’ils le souhaitent, télétravailler deux jours par mois. Pour les agences avec plus de 7 collaborateurs, il est possible de télétravailler 4 jours par mois.
En revanche, le personnel des agences de moins de 5 collaborateurs n'est pas éligible au télétravail. Il peut uniquement télétravailler le samedi matin, en plus des horaires habituels et en fonction des besoins.
Un sondage aux airs de référendum
Comme alternative au télétravail, la direction de Matmut envisage d'expérimenter la semaine en quatre jours dans son réseau d'agences. Les signataires de l’accord ont introduit un deuxième chapître qui prévoit « la mise en place d’un sondage auprès des collaborateurs du réseau des agences, en vue d’expérimenter la semaine en quatre jours ». D'autres entreprises du secteur comme Tutélaire ou Mutuelles du Soleil ont déjà mis en place ce type d'organisation.
Chez Matmut, l’idée d’effectuer 34 heures en quatre jours ne fait pas l’unanimité au sein des syndicats. La CFE-CGC réclame l’expérimentation, tandis que les autres syndicats sont plus circonspects. Face à cette division syndicale, les partenaires sociaux ont décidé d'un commun accord de solliciter l’avis des collaborateurs.
Une expérimentation sous conditions
Syndicats et direction ont donc convenu de se réunir en septembre afin d’élaborer un sondage. La consultation qui aura lieu cet automne prend la forme d’un référendum. Pour que l’expérimentation puisse avoir lieu, il faut qu’au moins 20% des agences se portent volontaires. Par ailleurs, il faudra que l’ensemble des collaborateurs au sein de l’agence y soient favorables.
« Sur la semaine en quatre jours, nous avons choisi de laisser la main aux collaborateurs dans le cadre d’une démarche participative. Nous ne mènerons cette expérimentation qu'à condition d'avoir un minimum d'agences volontaires et si les équipes sont unanimes au sein des agences volontaires. Nous voulons observer si cette nouvelle organisation peut se faire, à minima, à iso-résultats sur le plan commercial et iso ETP. Nous pensons que ce mode d’organisation alternatif peut rendre le métier plus attractif », déclare Véronique Jolly, DRH de Matmut.
Les modalités de mise en place varieront selon la taille de l’agence. Dans les agences de moins de 5 collaborateurs, les collaborateurs pourraient avoir un week-end de trois jours et ne plus travailler le samedi. Pour les agences de plus de 5 salariés, le jour de repos supplémentaire serait fluctuant dans la semaine.
Rallongement des journées de travail
Qui dit semaine en quatre jours dit aussi rallongement des journées de travail. Il faudrait commencer vers 9h, raccourcir la pause déjeuner et finir vers 18h30, contre 17h45 aujourd’hui. Soit 8,5 heures par jour sur 4 jours. L'amplitude horaire est encore en cours de discussion entre les OS et la direction.
En plus, il faudrait télétravailler un samedi ou lundi matin environ toutes les trois à quatre semaines afin d’atteindre le quota mensuel de 34 heures hebdomadaires. Les réfractaires craignent une intensification du rythme de travail.« Certaines organisations syndicales demandent la semaine de 35 heures en quatre jours. Et d’autres comme la CGT revendiquent la semaine de quatre jours, à savoir au rythme de 32 heures en 4 jours », commente Pierrette Legendre, de la CFDT.
Pour les assurés, il sera possible de rejoindre la Matmut au téléphone du lundi au samedi, grâce à une boucle téléphonique nationale partagée. « Le choix des salariés souhaitant expérimenter la semaine en 4 jours ne doit en aucun cas engendrer de contraintes pour leurs collègues, qu'ils soient non volontaires pour l'expérimentation ou qu'ils soient dans des services qui ne sont même pas consultés mais pourraient être rapidement rattrapés par le sujet. Par exemple, en gestion de sinistres sur des permanences horaires le soir pour répondre aux agences ouvertes jusqu'à 18h30 », pointe Ludovic Barroin, de la CGT.
Si l'expérimentation a finalement lieu, les collaborateurs des agences qui sont aujourd’hui à 36,15 heures hebdomadaires devraient passer aux 34 heures et donc perdre leurs jours de RTT. « La semaine de quatre jours représente une trentaine de jours non travaillés par an, contre 8 jours de RTT. Les collaborateurs perdraient la souplesse de pose de jours de RTT mais auraient beaucoup plus de jours de repos », signale Frédéric Poichet, de la CFE-CGC, grand défenseur de l’expérimentation.
Après les organisations syndicales, c'est aux collaborateurs de se positionner pour ou contre la semaine en quatre jours. Rendez-vous en octobre pour connaître les résultats du sondage.
À voir aussi
Communication : Matmut renonce au naming du grand stade de Bordeaux
Matmut : Trop peu d’agences prêtes à expérimenter la semaine en 4 jours
Semaine en quatre jours : Les salariés de Matmut ont voté
Télétravail : Covéa pérennise quelques expérimentations