Compte-rendu Rendez-Vous Parité Assurance avec Annabelle Delestre

Annabelle Delestre
Annabelle Delestre

Annabelle Delestre, fondatrice et CEO de l’Insurtech Lidix, a été interrogée par Nelly Brossard et Frédérique Cintrat sur son expérience d’entrepreneuse.

Quel est ton parcours ?

J’ai une double formation en sciences humaines (Philosophie) et en économie (Sciences-Po Paris-Ecofi). J’ai travaillé dans les secteurs de la banque et de la gestion d’actif (Amundi) avant de rejoindre l’assurance chez AG2R La Mondiale, en marketing digital et financier. Passionnée par l’innovation, j’ai développé de nombreux projets numériques au sein de grands groupes avant de me lancer dans l’entrepreneuriat avec la création de Lidix.

Pourquoi et comment as-tu lancé ta start-up ?

C’est, en 2017, l’envie de prendre des responsabilités et d’avoir plus de libertés. A cet égard j’ai aussi été portée par l’essor de l’écosystème des startups.

Compte-tenu de l’ambition du projet, j’ai rapidement cherché à m’associer. J’ai contacté Bruno Urvoy, expert en digital et UX avec qui j’avais travaillé dans le passé et qui venait de revendre son entreprise « En selle Marcel ». Lui aussi voulait repartir sur un projet, donc ça tombait plutôt très bien !

Quelle est la proposition de valeur de Lidix ?  

Lidix est une insurtech BtoB et qui réinvente la gestion des bénéficiaires en assurance-vie. C’est un sujet névralgique pour réconcilier les assureurs avec les clients, qu’il s’agisse du problème de la déshérence, de la complexité de la gestion de sinistre ou de la mise à jour des clauses bénéficiaires. Peu d’acteurs ont développé en interne des espaces digitaux dédiés aux bénéficiaires, c’est pourquoi nous avons décidé de commencer par un module de gestion digitale spécialisé sur les successions.

Notre outil de pilotage des successions est doté de plusieurs interfaces pour le back-office, les bénéficiaires et les intermédiaires. Nous mettons l’intelligence artificielle au service de l’expérience utilisateur et grâce à nos algorithmes, chaque bénéficiaire dispose d’un parcours personnalisé. Tous les formulaires, y compris fiscaux, qui étaient faits sur papier jusque-là, sont générés à la volée, signature électronique inclue. Pour nos clients assureurs, les avantages de notre plateforme sont déterminants : productivité, conformité, renforcement de l’image de marque et de l’empathie. Le coût du traitement des clauses bénéficiaires par les compagnies est énorme, la solution proposée par Lidix leur permet de faire une économie de l’ordre de 30 % !

Quel est le modèle économique de Lidix ?

Le modèle économique de Lidix est celui d’une plateforme SaaS avec un abonnement à la solution et des coûts par dossier, tarification dégressive en fonction de la volumétrie. En amont du déploiement nous avons également une phase de set-up qui permet de personnaliser la solution en fonction des besoins spécifique de chaque client.

Il y a donc une dimension technologique forte et un investissement initial nécessaire avant de pouvoir commercialiser la solution. Du coup commencer sans argent ou clients n’est juste pas possible : nous avons investi à titre personnel et avec l’appui du fameux « love money ».

Comment travailles-tu avec les assureurs ?

Il y plusieurs types de partenariats en fonction des attentes de nos clients. Pour notre module de gestion des successions, c’est un partenariat commercial classique avec une phase projet pour la personnalisation de l’outil et les connexions API, puis un déploiement en production qui implique la signature d’un pack contractuel assez dense (Contrat SaaS, charte qualité, plan d’assurance sécurité, engagements RGPD, etc..).

Pour des modules en cours de conception ou bien avec des grands comptes dotés d’un écosystème IT complexe, une phase de POC (Proof Of Concept) constitue une option utile pour s’assurer de la pertinence et tester l’innovation avant de poursuivre.

Le principe d’expérimentation est aussi une option que nous mettons en œuvre grâce au soutien financier de la BPI et de la Région IDF dans le cadre du programme « Innov up experiment ». Il s’agit de réaliser un prototype à tester avec un partenaire impliqué, avant de passer à l’échelle. C’est ce que nous faisons en ce moment avec un grand assureur et une administration.

Nous avons des clauses de confidentialité pour l’instant mais nous pourrons bientôt dévoiler certains partenariats …

Quid d’une levée de fonds ?

Sur notre marché BtoB en assurance où les cycles de décision sont assez lents, la plupart des fonds attendent que la start-up génère déjà des revenus récurrents avant d’investir. Le succès de notre premier produit nous permet donc maintenant de lancer une levée de fonds en septembre pour accélérer sur les développements techniques et commerciaux.

Quels ont été les accélérateurs ?

Nous avons rapidement recherché l’appui d’un incubateur, indispensable pour être accompagnés dans notre développement. Nous avons été sélectionnés en 2019 par Swave, principal incubateur Fintechs. C’est non seulement une aide pour optimiser la roadmap mais aussi l’occasion de rencontrer des personnes partageant les mêmes aventures.

Nous avons rejoint dès le début Finance Innovation, duquel nous avons reçu le Label qui nous ouvre de nouvelles portes. Il y a aussi des associations d’entrepreneurs comme France Fintech qui anime la communauté et organisent des événements très utiles.

Dans les Insurtechs, il y a peu de femmes, comment l’expliques-tu ?

Ce sont donc vraisemblablement des raisons culturelles ou les préjugés qui ont hélas la vie dure … On constate aussi que les femmes sont moins portées que leurs homologues masculins sur le développement de leurs réseaux professionnels et misent surtout sur la compétence. Du coup, on a un gros travail pour promouvoir la mixité dans les Fintechs.

 

Quelles sont les perspectives de développement pour Lidix ?

Elles sont considérables et le sujet c’est plutôt le temps et l’argent pour les mettre en œuvre. Du côté des services, nous avons déjà beaucoup de remontées clients pour enrichir notre outil de gestion de succession. Nous allons aussi lancer l’optimisation de la clause bénéficiaire et la mise à jour des coordonnées pour accroître la prévention. Du côté marché, après l’assurance vie et la prévoyance individuelle, il y a la retraite et la prévoyance collectives qui ont de gros besoins. Côté internationalisation, nous avons des premiers contacts en cours au Luxembourg, excellente porte d’entrée vers l’Europe …

Pour visionner le webinaire :