Climat : La politique de Total divise les investisseurs

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L'ACPR et l'AMF ont publié leur second rapport sur le suivi et l'évaluation des engagements pris par les assureurs.

La politique climatique du groupe Total a été adoptée à 91,88%, lors de l’assemblée générale, le 28 mai dernier. La décision a divisé les gestionnaires d’actifs, assureurs et bancassureurs, alors qu’Axa, président de l’alliance Net-Zero Insurance, s’est rangé du côté des partisans à la proposition climatique du groupe pétrolier.

Lors de la dernière assemblée générale du groupe Total, le géant pétrolier a, pour la première fois, soumis au vote de ses actionnaires sa nouvelle politique climatique. La proposition de résolution sur la transition énergétique vers la neutralité carbone du groupe, annoncée le 17 mars, avait déjà été sujette à la division, plus tôt dans le mois. Le gestionnaire d’actifs, OFI Asset Management, dès le 18 mai, avait ouvert le bal en annonçant son intention de voter contre la résolution quatorze. Dans la foulée, Meeschaert se positionnait du côté des opposants en avançant des raisons similaires à ses co-actionnaires.

En effet, les gestionnaires d’actifs reprochaient au groupe Total le manque de données et d’objectifs chiffrés en matière de neutralité carbone. Ils réclamaient à la société pétrolière un arrêt total de l’exploration de nouveaux gisements pétroliers et gaziers et la mise en place d’un vote des actionnaires tous les trois ans, avec une mise à jour annuelle des progrès réalisés. La publication du rapport de l’IAE, le 18 mai dernier, dans lequel l’Agence internationale de l’énergie a mis en avant l’importance de l’arrêt de tout nouveau projet d’exploration d’énergies fossiles comme condition indispensable à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050, a permis de soutenir les prises de positions des acteurs du marchés.

Adoptée à 91,88%

La résolution quatorze, statuant l’avis des actionnaires en matière de transition énergétique vers la neutralité carbone et les objectifs du groupe à horizon 2030 a été adoptée à 91,88% des voix. « J’ai entendu qu’au-dessus de 90%, les actionnaires soutiennent cette démarche, je les remercie pour cet avis », a commenté Patrick Pouyanné, président-directeur général du groupe, désormais appelé Total Energies. Parmi les résistants au géant pétrolier, le bancassureur CNP Assurances, soutenu par La Banque Postale Asset Management, OFI Asset Management et Meeschaert. Les 8,12% de votes défavorables au projet n’incluent pas les abstentionnistes. Parmi eux, le groupe Crédit Mutuel qui avait annoncé s’abstenir peu avant l’annonce des résultats. Au total, plus de 174M de voix se sont abstenues lors du vote de la résolution 14, elle a été la résolution regroupant le plus d’abstentionnistes durant l’assemblée générale.

Les ONG ont pris la parole pour mentionner « l’hypocrisie » des investisseurs « qui se disent engagés pour le climat ». « L’AIE a confirmé qu’il ne peut y avoir de nouveaux projets d’exploitation des énergies fossiles si on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Mais Total considère que la position de l’AIE est trop radicale et compte poursuivre sa fausse stratégie climat qui augmente sa production de gaz de 30% et maintient celle du pétrole, avec de nouveaux projets climaticides », a déclaré Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole chez Greenpeace. « Les masques sont tombés: en achetant le discours de Total, les Amundi, Axa et BNP Paribas révèlent leur vraie nature. Loin d’agir pour le climat, ils se contentent de l’apparence de l’action climatique », commente Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance. Bien qu’il ait fait état d’une requête, notamment de la part de Meeschaert, Total ne s’est pas engagé à réitérer l’exercice de vote des actionnaires concernant la stratégie climat du groupe.

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