Assurance vie : Les Gracques veulent supprimer les avantages fiscaux

Les Gracques
Tiberius Gracchus et Caius Gracchus (Les Gracques) connus pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain.

Dans leur dernier ouvrage Le manifeste de la dernière chance, les Gracques suggèrent de supprimer les avantages fiscaux de tous les nouveaux contrats mono-supports. En redirigeant cette épargne vers l’euro-croissance et les contrats multi-supports, l’association présidée par Bernard Spitz espère favoriser le financement de l’innovation.

Alors que la liste des candidats à la prochaine élection présidentielle n’est toujours pas clôturée et les programmes encore moins, les Gracques sont quant à eux passés à l’offensive. Par le biais du livre Le manifeste de la dernière chance – publié fin 2021 chez Albin Michel – l’association indépendante lancée en 2007 par des personnalités françaises, fait part de ses propositions pour le prochain mandat. « Avec Les Gracques, nous appartenons au camp du progrès », peut-on lire. Néanmoins, c’est une citation de Winston Churchill qui pose le ton dès l’introduction : « En toutes circonstances, le pessimiste voit les inconvénients et l’optimiste les opportunités ». Présidé par Bernard Spitz – ancien président de la FFA désormais appelée France Assureurs – le groupe de réflexion ne manque pas d’évoquer le rôle de l’assurance vie dans le monde de demain.

L’assurance vie au service de l’innovation

« Nous pensons que le temps est venu d’organiser la sortie des fonds en euros », peut-on lire dans le texte. Dans un énième point, le think tank aborde le sujet de la désindustrialisation de la France, raison pour laquelle grand nombre de citoyens se sont retrouvés au chômage. Empruntant à Schumpeter la théorie de la destruction créatrice, les Gracques voient dans l’assurance vie une opportunité à saisir afin de financer l’innovation de demain et de ce fait créer de la richesse.

En revanche aujourd’hui, « l’assurance vie constitue l’un des nœuds du problème, peut-on lire dans l’ouvrage. Avec un encours total de 2.100Mds d’euros, le premier placement des Français reste investi à 82% sur des fonds en euros, offrant à tout moment au souscripteur liquidité et garantie du capital ». Composé principalement d’obligations, le groupe de réflexion s’attriste de la situation jugée insatisfaisante pour tous les acteurs du marché ainsi que pour les assurés et s’afflige face au manque de popularité des contrats euro-croissance lancés en 2014 qui permettent d’investir davantage en actions tout en garantissant le capital investi à terme.

Suppression des avantages fiscaux

Afin de donner plus de flexibilité aux assureurs dans leurs investissements et ainsi financer l’économie à plus grande échelle, les Gracques suggèrent alors de supprimer les avantages fiscaux appliqués sur les nouveaux contrats mono-support. « Sans porter atteinte aux contrats existants, les avantages fiscaux sur les nouveaux contrats seraient réservés aux fonds euro-croissance et aux contrats multi-support comportant une part minimale d’unités de compte non garanties en capital », explique le think tank.

« Outre les contraintes prudentielles, l’anomalie du système actuel réside dans sa trop grande liquidité, qui oblige une gestion très conservatrice du capital. La clé, c’est de réintroduire plus de préférence pour le long terme, tout en répondant au besoin de protection du capital. L’outil pour le faire existe, il faut juste le rendre compétitif. C’est la meilleure façon d’orienter massivement l’épargne (abondante) des Français vers l’économie productive et surtout l’innovation. Car même si le secteur technologique émerge en Europe – et j’essaye d’y prendre part – les US et la Chine restent encore loin devant, et la question du financement reste clé », explique Florian Giraud, secrétaire général des Gracques et chief of staff de Luko.

Pour l’association de Bernard Spitz, rediriger l’épargne des Français vers les fonds euro-croissance donnerait aux assureurs une plus grande liberté d’investissement tout en servant un meilleur rendement et tout ça en stimulant l’innovation.

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