Stress au travail / Prévention : Les entreprises réagissent à l’injonction du gouvernement

Les suicides à France Télécom et l’injonction du ministre du Travail Xavier Darcos en matière de stress au travail poussent DRH et chefs d’entreprises à se mobiliser, selon plusieurs experts, même si certaines entreprises n’ont pas attendu ces dernières semaines pour agir.

Après 25 suicides de salariés à France Télécom en moins de deux ans, M. Darcos a exigé l’ouverture de négociations sur le stress dans le groupe, puis plus largement, au sein des entreprises de plus de 1.000 salariés, menaçant de publier en février 2010 la liste des bons et mauvais élèves.

En visite jeudi chez PSA à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), il a souhaité que l’accord sur la prévention du stress conclu à la mi-octobre par le constructeur automobile et les syndicats soit “incitatif” pour les autres entreprises.

Jean-Claude Delgenes, directeur du cabinet d’expertise Technologia, choisi pour faire un état des lieux à France Télécom et mettre en place un plan d’action, note “une augmentation forte des demandes” des entreprises, notamment liée “à l’injonction de M. Darcos” et au fait que “le politique commence à s’en mêler”. Selon lui, directeurs des ressources humaines (DRH) et chefs d’entreprises “commencent à sortir de la période où certains gourous psychiatres leur expliquaient que le management par le stress était bien”. Première tâche: faire “un état des lieux”, avant de mettre en place “des outils opérationnels”.

France Télécom et Xavier Darcos “ont accéléré les préoccupations des entreprises qui avaient déjà entamé des démarches de prévention”, mais également de celles qui étaient en retard et souhaitent désormais “débuter le processus”, reconnaît Jean-Pierre Brun, du cabinet Stimulus.

Les accords qui seront conclus doivent permettre de “poser un diagnostic”, puis d'”aller vers une intervention sur l’organisation du travail” et “au niveau des individus en souffrance”, dit-il.

François Cochet, du cabinet Secafi, évoque aussi une “très forte demande d’intervention”, souvent liée “à des problèmes lourds, des événements dramatiques ou non”. Selon lui, seule la Caisse d’Epargne “n’a pas attendu le ministre”, en signant un accord sur le stress en juillet, qui va débuter par la mise en place de questionnaires et entretiens. “Ce qui nous est demandé, explique Philippe Douillet, de l’Agence nationale  pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), c’est souvent de l’aide au diagnostic”, pour savoir si “chez nous, il y a des problèmes”. Avec parfois “le risque que les entreprises se précipitent sur les solutions, les questionnaires, etc.”, au lieu d’élaborer une démarche commune avec les syndicats.

Beaucoup d’entreprises ont déjà entrepris des actions contre le stress, comme la Cité des sciences de La Villette (environ 1.000 salariés), qui a mis en place un plan de prévention des risques psychosociaux en mars. Les injonctions du ministre “nous conduisent à poursuivre”, avec l’ouverture prochaine de négociations sur la santé au travail, explique la DRH adjointe Sophie Biecheler.

Chez SFR, on précise n’avoir “pas déployé de dispositifs supplémentaires” parce que “beaucoup d’initiatives ont déjà été mises en place”, comme un accompagnement des réorganisations par “des spécialistes de la conduite du changement”, des discussions “constantes” avec les partenaires sociaux sur le stress au travail, une étude annuelle sur le ressenti des salariés, ou encore une hotline avec des psychologues.

Paris, 23 oct 2009 (AFP)

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