Les débats sur la protection des « hommes-clés » sont très centrés sur le chef d’entreprise lui-même : comment assurer la pérennité d’une société dont le devenir dépend de la bonne santé de son dirigeant, voire de son fondateur ? Plus nombreux sont pourtant les collaborateurs dont l’absence placerait leurs entreprises face à de potentielles pertes de productivité, voire des pertes financières plus directes.
Pour mesurer l’importance de la protection de l’entreprise contre les défaillances de ses hommes-clés, procédons à un tour d’horizon des risques encourus par les entreprises non protégées. Par la suite, nous entendrons par « hommes-clés » tous les dirigeants, mandataires sociaux, associés, cadres dirigeants et membres du Comité de Direction : ceux dont l’absence est la plus à même de se faire ressentir sur les performances de l’entreprise dès le court terme.
Préserver la performance malgré l’absentéisme et les désorganisations
Hommes-clés : ceux dont l’absence est la plus à même de se faire ressentir sur les performances de l’entreprise dès le court terme
Garder un niveau de performance économique et financière constant tout en faisant face à de nombreuses incertitudes dépend de la capacité d’une entreprise à anticiper, financer et mettre en place un management de transition adapté en cas d’absence d’un homme-clé. Ce dernier, sur qui reposent des fonctions stratégiques au sein de l’entreprise, doit être remplacé dans les plus brefs délais le cas échéant.
Considérons le cas d’une absence temporaire : affection de longue durée entraînant l’incapacité temporaire de travail, congé de proche aidant, etc. L’absence des expertises et compétences du cadre-dirigeant, membre du Comité de Direction, etc. est susceptible d’entraîner à court terme des pertes de contrats, et à moyen terme une perte de productivité des services sous son management direct.
Des circonstances plus graves – décès ou incapacité définitive à reprendre le travail – impliquent des risques plus importants encore. Or, les entreprises sont faiblement protégées aujourd’hui : 50% des dirigeants, par exemple, n’ont mis en place aucun mécanisme de prévention. Il devient donc urgent d’anticiper le déblocage rapide de moyens humains – un manager de transition par exemple – et financiers.
Des flux financiers et financements très sensibles au sort des hommes-clés
50% des dirigeants n’ont mis en place aucun mécanisme de prévention
Considérons le cas plus complexe d’une entreprise en plein processus d’acquisition, de levée de fonds ou de rachat de parts. Ces opérations financières sensibles requièrent la préservation d’un cercle d’interlocuteurs de confiance, que l’absence d’un homme-clé peut rompre irréversiblement. Ainsi, bien que le management de transition ne puisse pas systématiquement pallier la rupture de ces opérations, les contrats de protection des hommes-clés peuvent inclure des fonds de compensation des pertes financières subies.
Pour des entreprises de taille intermédiaire ou petite, l’homme-clé – le plus souvent le dirigeant – engage jusqu’à sa responsabilité personnelle pour l’obtention de financements. L’anticipation de sa disparition/son absence prolongée consiste à pouvoir compenser le préjudice économique qui résulte alors inévitablement, et ainsi pérenniser l’existence de l’entreprise.
La non-protection des hommes-clés d’une entreprise est donc une prise de risque managériale et financière. L’anticipation est une condition essentielle de maintien de la performance, voire de pérennisation de l’activité.
Stéphanie Boennec est Directeur de clientèle Grands comptes Gras Savoye Willis Tower Watson.