Les courtiers entre rassemblement et rénovation

Entre les incertitudes liées à la crise et les règlementations européennes, le courtage s’est vu bouleversé. Rassemblée, la profession doit également affronter des mutations, travail symbolisé par les chantiers de modernisation qui s’opèrent à la CSCA.

Si l’exercice qui vient de s’achever a parfois été perturbé, dans un contexte globalement chahuté, le courtage limite les dégâts. En tout cas du côté des grands noms. Il faudra néanmoins attendre la fin de l’année et les renouvellements d’octobre pour véritablement connaître l’impact de l’exercice 2011 sur les portefeuilles, après un chiffre d’affaires qui s’était consolidé au dernier trimestre de 2010.

Aux avant-postes, les courtiers de proximité observent déjà les dégâts : perte de masse assurable consécutive aux licenciements ou à la baisse des crédits accordés par les banques, diminution du chiffre d’affaires en auto due à la faiblesse du marché de l’occasion, autoassurance, augmentation des franchises ou diminution des plafonds dans le cadre des politiques de gestion des coûts des entreprises. Autant d’évènements susceptibles d’impacter la prime, et donc la commission.

Côtés perspectives, si l’heure est encore à la prudence l’année en cours voit néanmoins se dessiner une stabilisation des marchés et un recentrage sur les activités en friche tels que les travailleurs non-salariés et les PME. Avec  60% des 2 millions de TNS qui ne sont pas équipés, le marché reste attractif pour les acteurs de proximité. L’international a la faveur des plus grands, comme April ou Gras Savoye, qui compte ainsi étendre sa distribution autant que sa vision de l’ensemble du panel des demandes.

En provenance de Bruxelles, après les émois causés par les directives MIF et DIA 2, c’est au tour des clauses de désignation et de migration d’agiter la profession, en supprimant son niveau de distribution à la faveur des institutions de prévoyance, désignées par les partenaires sociaux. Rassemblés autour de l’Apac, les professionnels sont peu optimistes. « A Bruxelles, la messe est dite », confiait à News Assurances PRO Patrick Lucas, Président de Gras Savoye. Laurent Ouazana, secrétaire général du syndicat 10, n’exclut en revanche pas de « travailler ensemble, comme ce fut le cas autrefois » avec les IP.

Au-delà des marchés et règlementations, le courtage doit aussi se réinventer intrinsèquement, face aux mutations de la consommation et notamment du service. « La profession a besoin d’une professionnalisation accrue, déclare Renaud de Pressigny directeur général adjoint de Gras Savoye. Nos clients attendent de plus en plus de services et rigueur dans l’exécution de nos contrats, et nos standards montent en gamme. Mais parallèlement, les rémunérations ne sont pas à la hauteur et les assureurs nous demandent de baisser les coûts avec des franchises ou des captives. »

Autant de défis auxquels les courtiers que tentent d’accompagner la CSCA à travers les chantiers de modernisation de la chambre (voir interview en page 3) ainsi que l’innovation technologique, qui a toujours accompagnée la profession. Edicourtage rassemble ainsi une centaine de courtiers autour de sept assureurs dits « betatesteurs ». Avec  50.000 messages par mois, essentiellement des avis d’échéance et des mises en demeure, la CSCA espère table sur 30 millions d’échanges annuels pour 300 cabinets d’ici 2013, portés par l’arrivée de la gestion de sinistres.

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