Selon les résultats de l’enquête Divestment Performance Monitor (DPM) réalisée par Willis Towers Watson en partenariat avec Cass Business School, plus de la moitié des entreprises ayant effectué des opérations de cession depuis 2010 ont perdu de la valeur pour leurs actionnaires. Ce nouveau rapport analyse les performances des cours des titres des entreprises ayant effectué des ventes d’actifs entre six mois avant l’annonce et six mois après l’achèvement des opérations.
Plus de 5 500 opérations de cession de plus de 50 millions USD de valeur ont été réalisées dans le monde entier entre 2010 et 2018 (pour une valeur combinée de 3 900 milliards USD). 54% de ces transactions ont sous performés par rapport aux indices des marchés ; les 46% restants ayant surperformés. Si l’on se base sur les performances des cours de leurs titres, les entreprises activement engagées dans de telles opérations ont sous performées le Global Index de -2,1 points de pourcentage en moyenne. Les mauvaises performances des vendeurs contrastent avec celles des acquéreurs, qui ont surperformé l’indice du marché de 3,1 points de pourcentage.
Souvent sous estimées, les cessions d’actifs sont essentielles à la constitution d’un portefeuille d’activités sain. Par de telles opérations, les entreprises peuvent en effet accroître leur rentabilité en optimisant l’utilisation de leurs capitaux, se rencontrer sur leurs activités principales, et investir davantage de fonds pour stimuler et soutenir leur croissance.
Principaux enseignements :
La création de valeur grâce à des cessions reste un défi pour toutes les entreprises, quels que soient la région, l’ampleur de la transaction ou le secteur d’activité. Il existe pourtant de réelles possibilités de réussite. On note aussi la difficulté de traiter avec des sociétés de capital-investissement privé : entre 2010 et 2018, les cessions en faveur de fonds de private equity (-3,3 points de pourcentage) ont été moins performantes que les cessions à des sociétés privées (-2,2 points de pourcentage). Bien que cela puisse partiellement s’expliquer par le fait que les sociétés de capital investissement privé traitent avec des vendeurs plus en souffrance (ce qui peut diminuer leur rendement), il faut également noter que les fonds de private equity disposent d’équipes de professionnels plus fournies et de flux de transactions réguliers. Ils peuvent ainsi se montrer plus durs dans leurs négociations. Pour optimiser la valeur créée et veiller à ce que les acquéreurs ne ressortent pas seuls gagnants de ce rapport de force, nous recommandons aux vendeurs d’effectuer une planification approfondie et une meilleure préparation en amont.
L’enquête montre également qu’un bon nombre des cessions les plus performantes sont des scissions. Ces opérations se justifient souvent par une volonté de segmenter une entreprise obtenant de bons résultats, afin de mieux montrer sa valeur indépendamment de celle de sa société-mère. Cela montre tout l’intérêt d’effectuer une bonne préparation en amont, et l’importance pour les dirigeants de s’impliquer en interne et en externe dans la logique de la transaction afin de montrer clairement la valeur de la vente d’une division, ainsi que les perspectives pour le reste de l’entreprise.
Dans des conditions de marché défavorables, la réussite ou l’échec de ces opérations dépend fortement de l’approche adoptée. La création de valeur n’a rien d’automatique. Pour attirer les meilleurs prétendants, il est essentiel d’investir dans les bonnes ressources pour assurer une procédure de due diligence saine, préparer l’entreprise à la vente, et veiller à définir clairement la logique de transaction. Les acquéreurs formulent des offres plus intéressantes pour des opérations susceptibles de créer davantage de valeur, et peuvent moins facilement négocier lorsqu’une préparation détaillée a été effectuée en amont. Puis, lorsqu’un candidat au rachat a été identifié, il est tout aussi important de veiller à ce que les dirigeants restent motivés en leur rappelant leur valeur pour l’entreprise. L’objectif doit être de leur montrer à quel point la cession représente une opportunité, et de leur faire comprendre autant que possible que leurs performances seront dûment reconnues. Tout cela aura un impact positif dans l’ensemble de l’organisation et sur la réussite de la transaction.