Justice : L’affaire des ventes forcées d’assurances-crédit devient le scandale le plus coûteux de la finance britannique

Les sommes mises de côté par les grandes banques du Royaume-Uni pour régler l’affaire des ventes forcées d’assurances-crédit PPI ont dépassé la barre des 10 milliards de livres, faisant de ce scandale le plus coûteux ayant entaché la finance britannique.

Trois des plus grandes banques du pays ont passé cette semaine de nouvelles provisions dans leurs comptes du troisième trimestre pour faire face aux plaintes de leurs clients : 700 millions de livres pour Barclays mercredi, 1 milliard pour Lloyds Banking Group jeudi et 400 millions pour Royal Bank of Scotland (RBS) vendredi.

Le montant total des provisions a donc dépassé la barre des 10 milliards de livres en atteignant 10,8 milliards (près de 13,5 milliards d’euros). La facture la plus élevée est celle de Lloyds, qui a mis de côté 5,3 milliards de livres, suivie par Barclays avec 2 milliards.

Selon les derniers chiffres de l’Autorité britannique des marchés financiers (FSA), le montant remboursé aux plaignants a déjà atteint 6,5 milliards.

“C’est en train de devenir la crise la plus dommageable économiquement (pour les banques), il n’y a pas de doute mais ce qui est probablement le plus surprenant est que les banques ont été totalement incapables de déterminer combien elles auront à payer” et ont annoncé depuis l’an dernier provision sur provision, souligne l’analyste Ralph Silva auprès de l’AFP.

“Les banques ont nié la véritable ampleur de ce scandale” qui “est désormais le plus grand scandale financier de vente forcée de tous les temps”, dénonce de son côté Peter Vicary-Smith, directeur de l’association de consommateurs Which?.

D’autant plus que le coût total pourrait encore grimper et atteindre 15 milliards de livres, selon les analystes de JPMorgan Cazenove.

Ces assurances-crédit, appelées PPI (“Payment Protection Insurance”), qui permettaient d’assurer le remboursement d’un crédit malgré une perte de revenus liée à la maladie, au décès ou à la perte d’un emploi, ont longtemps été vendues d’office aux clients avant que cette pratique ne soit définitivement condamnée par la Haute Cour de Londres.

“La plupart des prêts effectués entre, disons 2000 et 2008, n’étaient rentables que grâce aux PPI”, relève Ralph Silva, alors que selon les chiffres cités par JPMorgan, le montant total des revenus tirés par les banques des PPI depuis 2001 s’élève à plus de 34 milliards de livres.

Après des années de bataille judiciaire, l’Association des banques britanniques avait finalement jeté l’éponge en mai 2011 en renonçant à faire appel de la décision de la Haute Cour.

Depuis, le nombre de plaintes a explosé et le FOS (Financial Ombudsman Service), autorité en charge des plaintes contre les établissements financiers, a annoncé la semaine dernière qu’elles avaient dépassé la barre des 500.000.

“Et malgré ces nombres record, ce scandale de vente forcée ne montre aucun signe de ralentissement”, a souligné sa patronne, Natalie Ceeney.

Les banques, qui tentent de solder le lourd héritage de leurs pratiques d’avant la crise financière de 2008-2009 sous la pression des autorités et de citoyens scandalisés par les bonus de la City, sont déjà mises à mal par d’autres affaires, dont celle de la manipulation du taux interbancaire Libor.

Ce scandale, qui a éclaté fin juin et a décapité la banque Barclays, qui a payé 290 millions de livres pour mettre fin aux enquêtes des régulateurs britannique et américain, a rattrapé d’autres banques internationales et britanniques dont Royal Bank of Scotland.

Cette dernière a indiqué vendredi “s’attendre à entamer des négociations pour régler à court terme certaines des enquêtes”, ce qui devrait se solder probablement par des “pénalités financières”.

Londres, AFP, 3 Novembre 2012

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