Festivals : Des risques qui trouvent de moins en moins preneurs

L’augmentation des frais engagés par les sociétés organisatrices de festivals et l’augmentation des sinistres rendent les assureurs de plus en plus frileux.

L’heure n’est pas encore à l’annulation en série de festivals pour cause de défaut d’assurance. Mais les compagnies d’assurance enclines à garantir ce type de manifestations sont de plus en plus rares. La cause : une hausse de la fréquence des sinistres depuis deux à trois ans, due à de nombreuses intempéries lors de festivals d’été et aux grèves d’intermittents du spectacle, qui ont fait jouer les garanties annulation.

S’ajoutent à cela des frais engagés par les sociétés organisatrices qui ont tendance à croître, ce qui alourdit donc la facture pour les assureurs en cas de sinistre. Peu de compagnies françaises sont positionnées sur ce créneau, et Covea Risks a même pris la poudre d’escampette l’an dernier. Restent aujourd’hui les syndicats du Lloyd’s, le français Albingia, InterHannover, HDI-Gerling, l’américain Beazley depuis peu, ou encore la filiale belge d’Axa.

Priorité intempéries

Deux couvertures principales sont proposées aux organisateurs de festivals : la RC organisateur ou producteur de spectacle, qui fonctionne comme une RC Pro classique, et une couverture pertes pécuniaires/annulation. Cette dernière permet de garantir les volumes financiers engagés par l’organisateur en cas d’annulation totale ou partielle du festival : soit uniquement les frais (souvent pour les comités des fêtes, petites associations), soit les frais et la marge bénéficiaire si l’organisateur compte sur le provisionnement de ses bénéfices pour développer son événement à l’avenir. Sachant que les grands festivals engagent jusqu’à plusieurs millions d’euros, et jusqu’à 20.000 euros pour les fêtes de village. Parmi les causes d’annulation, les intempéries sont la première préoccupation des organisateurs.

Sont en outre pris en charge les sinistres liés à une grève, une menace terroriste, une indisponibilité du site ou un retrait d’autorisation de l’administration. Au final, la prime d’assurance peut s’élever entre 2% et 3% des frais engagés pour un festival d’extérieur, jusqu’à 3,5% pour une manifestation impliquant des feux d’artifice ou de grands artistes, et au-delà pour un festival déjà sinistré ou qui fait intervenir des artistes dont l’indisponibilité n’est pas couverte. « Les compagnies ne descendent généralement pas en-dessous d’une prime de 500 euros », estime Guillaume Arnoux, PDG du courtier aixois spécialisé Arnoux Assur.

Besoins spécifiques

Le besoin d’assurance se complexifie selon le type du festival, le lieu d’organisation (intérieur/extérieur, site particulier), les animations proposées (feux d’artifice, acrobaties, cascades…) ou l’organisation (le festival d’Avignon par exemple, avec un volet officiel et non officiel, fait appel à de multiples sociétés organisatrices). Aux garanties « de base » peuvent alors s’ajouter des couvertures ou des rachats d’exclusions divers et variés, comme les intoxications alimentaires, certaines épidémies ou l’indisponibilité des artistes (parfois difficilement assurable si des antécédents médicaux sont connus).

Une couverture en tous risques du matériel (scène, structures, matériel de son et lumière, instruments de musique) est aussi indispensable : « Si le matériel est loué complètement à un prestataire qui se charge de son montage/démontage, transport et chargement, c’est l’assurance du prestataire qui joue, mais les cas sont rares. Généralement, le matériel est loué et les équipes de la société organisatrice se chargent de l’installation. Il y a donc un transfert de garde du matériel et une assurance spécifique doit être prise », explique Guillaume Arnoux.

Demandes hors du commun

La couverture tous risques « caisses » peut également être proposée, en particulier pour les petites fêtes, où les bénévoles peuvent transporter et conserver la recette de l’événement à leur domicile jusqu’à l’ouverture de la banque. Et le risque de cyberattaque commence lui aussi à être appréhendé, du fait de la mise à disposition de plus en plus courante de billetteries en ligne sur les sites des organisateurs ou des producteurs de festivals. La demande la plus farfelue ? « Il s’agissait d’un artiste de renommée internationale, qui souhaitait que la salle de bains de sa résidence principale soit démontée et remontée dans sa loge. Comme il n’habitait pas en France, il a fallu assurer le démontage/remontage et le transport par hélicoptère. Dans l’assurance des festivals, tout peut être imaginé ! », affirme Guillaume Arnoux.

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