Déserts médicaux : L’expérimentation menée par MSA et Groupama apporte des résultats encourageants

Alors que le gouvernement et les élus locaux cherchent à enrayer la désertification médicale des campagnes, deux expérimentations, en Dordogne et dans les Ardennes, semblent donner des résultats encourageants.

Ces expériences ont été engagées début 2009, pour une durée de trois ans, par deux fins connaisseurs du milieu rural, la Mutualité sociale agricole (MSA), régime de protection sociale du monde agricole, et l’assureur mutualiste Groupama, numéro un pour les complémentaires santé individuelles.

Les deux partenaires ont délimité des territoires qu’ils ont baptisés “Pays de santé” : trois cantons en Dordogne, autour de Nontron, peuplés de 16.500 habitants, et cinq cantons dans les Ardennes (Porcien et sud Thiérache), représentant 22.000 personnes. Après avoir consulté les acteurs de terrain, à commencer par les médecins –une vingtaine au total– et recensé leurs besoins, ils ont mis en place un certain nombre de services pour les praticiens et les patients.

Pivot de ces services, une cadre infirmière décharge les praticiens de tâches administratives, s’occupe de certains de leurs achats de consommables (compresses, seringues, etc…) en les groupant, et surtout prend en main l’éducation thérapeutique et la prévention. Ainsi en Dordogne, Anne-Marie Conseil, en disponibilité de l’hôpital public, organise des groupes de patients adressés par les médecins traitants et qui souffrent de diabète ou de maladies cardiovasculaires. Elle leur procure les bonnes méthodes d’autocontrôle de leurs pathologies.

Elle organise aussi des ateliers de diététique pour lutter contre l’obésité, et s’attache à faire venir les patients en couple, car ce sont les épouses qui en grande majorité cuisinent. “Des patients inquiets ne dérangent plus les médecins par des appels inutiles et ils ne viennent consulter que quand c’est vraiment nécessaire”, explique l’infirmière.

L’objectif premier est de “libérer du temps” pour que les praticiens se consacrent uniquement à la médecine car ils ont des journées extrêmement chargées, avec une cinquantaine de patients quotidiens. “Notre temps médical est grignoté”, déplore Philippe Faroudja, 41 ans, médecin à Saint-Pardoux, qui a vu d’un bon oeil arriver l’expérimentation dans son secteur. Il exerce dans une maison de santé, avec un autre confrère, âgé de 57 ans, et avec son épouse qui exerce un mi-temps. Viennent aussi y travailler notamment des infirmières libérales et une psychologue.

Ce type de maison de santé pluridisciplinaire est le cadre adapté pour attirer dans les campagnes les jeunes médecins qui boudent désormais l’exercice en solitaire.

Le gouvernement souhaite le développement de ces maisons de santé, mais une expertise de terrain est nécessaire pour éviter les erreurs et guider les élus locaux. La MSA, selon son directeur santé Philippe Laffon, participe à la sélection des projets au sein des Agences régionales de santé (ARS) et peut aider pour les dossiers administratifs et jusqu’à la maîtrise d’oeuvre de ces maisons.

L’expérience “Pays de santé” s’achèvera en 2012 mais déjà les élus veulent la prolonger. “Il faudra qu’on la poursuive d’une certaine façon, qu’on s’en empare”, selon le président de la communauté de communes du Périgord vert Marcel Restoin.

Le bouche à oreille fonctionne: des élus du plateau de Millevaches, dans la Corrèze voisine, seraient intéressés par l’expérience. “Ce n’est pas la panacée”, admet M. Laffon mais ces expérimentations donnent une piste crédible pour éloigner le spectre du désert médical.

Nontron (Dordogne), 28 mai 2011 (AFP)

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