Dépendance : « l’offre est mal organisée et mal structurée »

Réunis ce matin à l’initiative de la FFSA et du CORA, les grands acteurs du monde de l’assurance et des mutuelles ont pu échanger leurs points de vue sur la dépendance. Demandes, besoins ou offres de financement, chacun semble d’accord sur le fait que le système actuel de couverture de la perte d’autonomie n’est plus adapté.

Ce matin, la FFSA organisait une nouvelle session des Rencontres du CORA (Conseil d’Orientation et de Réflexion de l’Assurance ) autour du thème de la dépendance. A cette occasion, de nombreux acteurs du monde assurantiel ont pu exprimer leurs point de vue et lancer des propositions d’amélioration et de financement de la prise en charge du risque de perte d’autonomie.

Un système à bout de souffle

« Aujourd’hui, l’offre est mal organisée et mal structurée dans notre pays », déclare Gérard Ménéroux, directeur général adjoint de CNP Assurances, indiquant que les frais de soins et la consommation médicale des personnes âgées pèse 11à 12Mds d’euros chaque année. « Le problème c’est l’hébergement, l’aide à domicile et la coordination des services […] Il y a aussi le problème de l’information des familles et de l’orientation, même si des efforts sont faits », poursuit-il.

En soulignant le fait que « globalement la capacité des Ehpad est suffisante, même si des inégalités géographique subsistes et que des aménagements restent à faire », Gérard Ménéroux insiste sur le fait qu’il faut « sortir d’une logique d’assistance pour la dépendance » en concluant que « l’APA n’est plus adaptée ».

Un système de financement à 2 étages

« Le Système actuel est insuffisant et insoutenable, explique Henri de Castries, président directeur général d’Axa, à propos du financement du risque dépendance. « La dépendance est le poste de dépense qui augmente sans cesse et les ressources des collectivités publiques ne peuvent plus financer ce besoin grandissant ».

« Il faut un système à la fois solidaire et durable. Une prestation universelle peut marcher, et l’assurance peut y apporter une part essentielle dans le cadre d’un partenariat public/privé », ajoute ce dernier. « La piste de solution que je voudrais dessiner aujourd’hui, est celle d’un système à 2 étages sous le parapluie législatif et règlementaire de l’état », ajoute M. de Castries. « Il faut segmenter la population en deux, avec une tranche entre 0 et 70 ans, sur laquelle une mécanique d’assurance universelle permet de créer des droits universels. Il s’agit un système obligatoire, qui permet d’assurer la solidarité et protéger les faibles », explique-t-il, avant de conclure que la 2e tranche de population au-dessus de 70 ans pourrait, elle, bénéficier d’un système financé par l’État, comme à l’heure actuelle mais de manière améliorée.

La question de l’inclusion dans les complémentaires santé

« la famille mutualiste a une réflexion particulière car les mutuelles font de l’assurance dépendance depuis longtemps », déclare Jean-martin Cohen Solal, directeur général de la FNMF. « L’évolution du système du santé, n’est plus adapté aux besoins d’aujourd’hui (besoins sanitaires et médicaux sociaux). Un système de santé ne peut se construire qu’en fonction de celui qui est soigné et la dépendance est lié à un problème de santé », poursuit-il.

« Nous souhaitons une prise en charge publique la plus large possible et qui couvre la plus grande partie de population », explique le patron de la FNMF, en soulignant de son côté qu’il y a, dans la dépendance, des inégalités sociales insoutenables. « Logiquement les mutuelles devraient être favorables à une prise en charge de la dépendance dans les complémentaires santé (en inclusion), mais c’est loin d’être évident de lancer ça de manière obligatoire. Nous ne pouvons que le préconiser, le suggérer aux adhérents », conclut-il.

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