L’année 2018 a marqué une nouvelle phase de consolidation dans le secteur non lucratif, avec des alliances entre spécialistes des assurances de personnes et MSI. Côté divorce, l'année fut plus propice aux scènes de ménages qu'aux grandes séparations.

AG2R La Mondiale et Matmut

On a longtemps pensé qu’il fallait du temps, beaucoup de temps aux assureurs non lucratifs, mutualistes et paritaires, pour se marier. L’année 2018, jalonnée d’unions entre poids lourds, tend à prouver le contraire. Deux grosses opérations, tout juste annoncées fin 2017 ont été menées tambour battant en 2018. AG2R La Mondiale et Matmut ont annoncé en novembre 2017 leurs intentions, présentant en janvier 2018 leur feuille de route pour les mois à venir. Et dès le mois de novembre, le groupe de protection sociale et la mutuelle d’assurances ont vu leur projet validé par l’ACPR.

Macif et Aesio

Même musique pour Macif et Aesio, qui avaient pris langue sur le seul sujet de la prévoyance courant 2017, et qui se sont tellement plu que l’assureur niortais et le mutualiste ont annoncé leur mariage à horizon 2020, se fixant là encore un programme ambitieux pour 2018, qui se termine sur une validation, par l’ACPR de leur entreprise commune en prévoyance. Elle est opérationnelle depuis le 1er janvier 2019. La performance pour Aesio est d’autant plus impressionnante que le grand chantier engagé avec la Macif n’a pas empêché le groupe de programmer la fusion des mutuelles qui le constitue, et, en même temps, de prendre Territoria Mutuelle sous son aile. Les champions de la mutualité auraient-il définitivement changé de braquet ?

Smacl et Vyv

A noter que les divorcés se remettent vite désormais, puisque l’autre moitié de feu le groupe Smacl a aussi trouvé chaussure à son pied en rejoignant le groupe VYV.

2018 a donc montré que les assureurs du secteur non lucratif savent désormais mener des programmes d’AG à pas cadencés ce qui leur permet de mener des opérations rapidement, mais aussi que les unions avec les MSI avaient désormais beaucoup d’attraits. La diversification des risques selon Solvabilité 2 a peut-être quelque chose à voir dans l’histoire.

Malakoff Médéric Humanis

Au sein du monde paritaire, le mariage de l’année est ce qu’on aurait qualifié d’OPA du premier par le second dans le privé : l’union de Malakoff Médéric, resté célibataire depuis sa rupture avec la Mutuelle Générale, avec Humanis.

Axa et XL

En dehors de l’économie sociale, les acteurs de l’assurance paraissent majoritairement bien mijaurées, à l’exception notable d’Axa qui change encore de dimension cette année. En annonçant en mars l’acquisition du groupe XL, le groupe Axa réalise en effet une opération à près de 12,5 milliards d’euros qui lui permet de devenir leader mondial du marché de l’assurance dommages des entreprises, et qui le relance dans la réassurance, une activité qu’il avait quittée en cédant Axa Ré en 2006.

CNP Assurances et la Banque Postale

Enfin, le tableau ne serait pas complet sans rappeler qu’à la mi 2018 a été annoncé le chamboulement des relations capitalistiques entre la Caisse des Dépôts et Consignations, la Banque Postale et CNP Assurances, qui aboutit de fait à unir La Banque Postale et CNP Assurances, qui devient sa filiale. Et qui marque la fin d’un feuilleton : la renégociation du pacte d’actionnaires de CNP assurances, faisait régulièrement les bonnes feuilles de la presse depuis vingt ans, et l’entrée en Bourse de CNP Assurances.

Covéa et Scor

Le grand divorce de 2018 concerne des personnes, pas des entreprises… Il s’agit bien sûr du feuilleton Covéa Scor, et de la lutte sans merci entre deux patrons, Thierry Derez et Denis Kessler. Tout a commencé par une tentative de mariage forcé, avec l’offre « amicale » de Covéa, premier actionnaire de Scor avec un peu plus de 8% du capital, adressée fin août à Denis Kessler, président du conseil d’administration de Scor.

Ce dernier n’y a rien vu d’amical. Les offensives et contre-offensives plus ou moins baroques se sont succédées, avec notamment un sondage réalisé auprès des salariés de Scor consultés sur l’offre de rachat – comme si les groupes cotés avaient pour habitude de consulter les collaborateurs sur les opérations de ce calibre !-, et la démission en novembre de Thierry Derez, représentant du premier actionnaire de Scor, du conseil d’administration du réassureur.

La situation actuelle est pour le moment inhabituelle, et ne met pas Scor à l’abri d’une autre tentative de rachat, même si cette perspective ne plaît pas du tout à Denis Kessler. Covéa peut en revanche se consoler de son échec cuisant : même si le cours de l’action Scor est un peu retombé depuis la démission de Thierry Derez, la valeur de sa participation au capital du réassureur français s’est nettement appréciée depuis la fin août !

AG2R La Mondiale et Territoria Mutuelle

Ce feuilleton mis à part, en regardant dans le rétroviseur, force est de constater que le seul divorce annoncé en 2018 a été celui de Territoria Mutuelle et d’AG2R La Mondiale, ajoutant un nouvel épisode à la vie de couple mouvementée de la mutuelle. Pour résumer, Smacl Santé a décidé de quitter Smacl Assurances en 2015, s’en est séparé en 2016, décidant alors de rejoindre AG2R La Mondiale. En 2017, la mutuelle s’est renommée Territoria Mutuelle, confirmant son intention de s’unir à AG2R La Mondiale en rejoignant la Sgam du groupe en 2018.

Mais l’année passée, les plans ont encore changé, et Territoria a décidé de quitter le groupe paritaire AG2R La Mondiale pour rejoindre Aesio.

AG2R La Mondiale et Muta Santé

En 2018, le pôle mutualiste d’AG2R a aussi eu à faire avec les nombreux soubresauts autour d’Arpège Prévoyance et de Muta Santé – mutuelle partie du groupe fin de l’année 2017. Il semble désormais qu’à l’issue d’un conflit arbitré en justice, les dissensions soient désormais surmontées, et le couple Arpège AG2R reparti sur les rails.