Sociétés de gestion : Vers plus de transparence

    De nombreux assureurs gèrent leurs actifs via des sociétés de gestion internes ou externes. Ces sociétés vont être amenées dans le futur à travailler avec de nouvelles exigences, en premier lieu une meilleure transparence exigée par Solvabilité II.

    Pour gérer leurs investissements au mieux, les assureurs ont plusieurs possibilités. Ils peuvent avoir leurs propres équipes en interne pour gérer certains placements, ou bien passer par des gestionnaires d’actifs. Ceux-ci travaillent soit dans des sociétés du groupe de l’assureur, soit de manière externe.

    « La gestion financière est devenue tellement complexe que les groupes d’assurance ne peuvent développer des compétences en interne que sur certains types d’actifs, par exemple les obligations ou les actions en France », confirme Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts&Figures. Mais pour le reste, et particulièrement pour la gestion alternative, il faut s’adresser à des spécialistes.

    Et face à ces produits de plus en plus complexes, la réglementation Solvabilité II impose de nouvelles règles du jeu. « La règle de base, c’est la mise en transparence des investissements, explique Cyrille Chartier-Kastler. C’est-à-dire être capable de reconstituer son exposition à la fois en termes de mode de gestion financière et en termes de titres détenus. » L’objectif est bien d’avoir une vision à la fois fine et globale de ses placements.

    Reporting et audit indispensables

    D’où de nouvelles contraintes pour les gestionnaires d’actifs : « Il y aura toute une série d’obligations de contrôle interne et d’implication du risk management dans la prise de décision au jour le jour, mais aussi de documentation et de reporting », prévoit Pierre Planchon, responsable du secteur assurance chez Ernst&Young. La relation entre les assureurs et les asset managers va donc évoluer.

    L’obligation de transparence est indispensable pour des actifs comme les OPCVM, car il faut être capable de descendre au degré de maille le plus fin derrière les produits les plus sophistiqués : les asset managers vont être confrontés à des demandes d’informations beaucoup plus importantes qu’actuellement de la part des assureurs.

    Les impacts se mesureront également sur les systèmes d’information, notamment sur la capacité de stockage, et sur l’organisation des sociétés de gestion.  « Les salariés vont être investis d’un rôle de gardien du temple sur la qualité des données, explique Pierre Planchon.

    Effets pervers des nouvelles contraintes

    Face au régulateur, l’assureur va de son côté devoir démontrer qu’il conserve la maîtrise de tous les placements qu’il délègue : documentation, audit, exercices de simulation… L’assureur devra être en mesure de vérifier l’exécution des contrôles exactement comme s’il les avait internalisés.

    Pierre Planchon souligne les effets pervers de ces contraintes : « Cela peut induire des comportements de désinvestissement de certains instruments, non pas seulement pour des problématiques de charge en capital ou de risque, mais aussi pour des problèmes de lourdeur de gestion.  C’est un discours tenu par un certain nombre de nos clients. » Comme prévu, Solvabilité II touche les assureurs à tous les niveaux, mais aussi tous ceux qui travaillent avec eux. Et le chantier a déjà commencé.

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