Rendez-vous de Septembre – La guerre des tarifs aura-t-elle lieu ?

    Le secteur de la réassurance fait face à un besoin de relever ses tarifs en raison du contexte économique « incertain » et de revenus financiers en baisse, et ce malgré des capacités toujours aussi fortes. Bataille de communication avec en idée de fond, faire accepter au client que les prix des traités doivent remonter.

    Un mot a disparu de la communication des réassureurs lors de ces 56ème Rendez-vous de Septembre : les cycles. « Alors que tout était affaire de cycle, le secteur n’en parle plus du tout » confie un observateur.

    Depuis le début des conférences de presse dimanche 9 septembre, la tendance est en effet à appuyer sur l’inquiétude qui pèse sur un secteur impacté par la rentabilité de ses fonds propres. Quand le discours était auparavant centré sur la remontée d’un cycle tarifaire qui avait atteint son plus bas, reprenant ainsi l’idée que la réassurance gardait un fonctionnement cyclique, le message à faire passer était plutôt « la discipline de la souscription » chez les allemands Munich Re et Hannover Re par exemple.

    Ne pas sous-tarifer les risques, conserver les meilleurs avec des prix planchers mais pas en baisse, relever les risques trop tendus et surtout, savoir « fragmenter » le marché. Si le terme de « fragmentation » est apparu récemment, il exprime à lui seul « une nouvelle tendance des ces 3 – 4 dernières années » selon Victor Peignet, CEO de Scor P&C. Le tarif est négocié au cas par cas, zone par zone, en fonction des historiques de sinistralité, des modélisations et des ratios des réassureurs dans ces zones.

    Stabilité + fragmentation des hausses = Hausses modérées ?

    Pour les courtiers, des baisses pourraient tout de même avoir lieu. L’Europe, relativement épargnée par les catastrophes naturelles l’an passé, peut en faire partie, comme certaines lignes business qui sont encore très concurrentielles. « Nous nous attendons à des tarifs stables pour l’Europe, voire en légère baisse » annonce ainsi un représentant d’Aon Benfield. Les courtiers, au service des clients, savent pouvoir trouver de la capacité sans problème, et entendent bien s’en servir.

    Pourtant, les réassureurs ne veulent pas céder. « Si l’on ne prenait en compte que le rapport entre l’offre et la demande, on pourrait s’attendre à une baisse des prix » lance Ulrich Wallin, directeur général d’Hannover Re. Charge alors aux réassureurs de trouver la parade. Avec de nouveaux services associés, une nouvelle tendance également. « Les clients ne se contentent plus d’acheter de la capacité, ils veulent également en savoir plus sur les outils que nous utilisons, sur notre connaissance de leur risque » ajoute un réassureur « avec le difficile équilibre de ne pas dévoiler nos visions transverses d’un marché ».

    Après les premiers contacts entrepris à Monaco, le mois d’octobre va s’annoncer riches en négociations. Si d’ici là aucun événement majeur ne vient remettre en cause les équilibres des premiers mois, rien n’annonce une guerre tarifaire en faveur des réassureurs.

    Que pensez-vous du sujet ?