“Nous prévoyons une croissance moyenne annuelle entre 1,5% et 2,5% sur le marché de l’assurance IARD”

    De profonds changements se dessinent sur le marché de l’IARD. Les acteurs les plus performants seront ceux qui auront réussi à s’adapter. Entretien avec Jean-François Gasc, responsable secteur Assurances chez Accenture.

    Quels sont les principaux défis que doivent relever les assureurs sur le marché de l’IARD de particuliers ?
    Jean-François Gasc – Tout d’abord, l’adaptation au comportement des clients qui sont de plus en plus présents sur Internet, les réseaux sociaux et qui comparent davantage les offres. Les particuliers sont sensibles à la dimension prix et à la personnalisation des offres.
    Autre enjeu, améliorer la rentabilité qui a tendance à baisser puisque le coût des sinistres – par exemple, les dommages corporels attribués par les tribunaux, les pièces auto – croît un peu plus vite que les tarifs.

    Sur quels leviers les assureurs peuvent jouer pour améliorer leur compétitivité ?
    Un premier axe consiste à améliorer la connaissance des clients et de leur valeur. Cette approche s’appuie sur les techniques d’analyse prédictive incluant les données issues d’Internet.
    Deuxième axe, l’optimisation du coût des sinistres. De nombreux assureurs étudient comment optimiser leurs processus d’achat et les relations avec leurs prestataires (experts, réparateurs,….). Autre préoccupation, celle liée à la gestion de la fraude. Nos études laissent penser que la fraude représente 3 à 4% du montant des primes. En réduisant d’un ou deux points cette fraude via les techniques d’analyse prédictive, le gain est alors important, en sachant que la charge des sinistres représentent 75% des coûts d’exploitation. Par ailleurs, il est essentiel d’adapter la valeur ajoutée des activités au canal utilisé pour faire en sorte, par exemple, que celles à faible valeur ajoutée soient traitées par les canaux les moins onéreux dans une logique multicanal. Autres dimensions, optimiser les structures de coûts sur toutes les fonctions supports avec par exemple, la mise en place de services partagés (ressources humaines, comptabilité,…) et réduire les coûts de fonctionnement informatiques qui représentent environ 2% des primes en IARD.

    Quel sera l’impact de Solvabilité 2 sur les assureurs IARD ?
    Très variable selon les compagnies. Une large part des acteurs connaîtront un impact limité en terme de fonds propres supplémentaires car leur niveau de couverture est déjà élevé. Néanmoins, certains acteurs pourront réaménager leurs offres en vue de réduire l’empreinte de besoin en fonds propres. Autre conséquence, l’approche globale de maîtrise des risques qui devra être réétudiée. Certains événements climatiques ont montré que les risques n’étaient pas toujours bien mesurés.
    Le plus impactant sera peut-être un rendement potentiel moindre des actifs financiers du fait de la forte réduction du poids des investissements en actions, dans l’état actuel de la réglementation prévue. Traditionnellement, les assureurs IARD détenaient 15 à 20% de leurs fonds propres en actions, la tendance est maintenant de 5 à 8%.

    Quelles sont les tendances à venir sur le marché de l’IARD ?
    Nous prévoyons une croissance moyenne annuelle entre 1,5% et 2,5% sur le marché de l’assurance IARD au cours de ces prochaines années selon les scénarios relayés dans notre étude Assurance 2020. C’est un marché en croissance faible en partie du fait que la matière assurable augmente peu. Si l’ajustement s’est opéré par les tarifs au cours notamment de ces deux dernières années, on peut craindre qu’à l’horizon de 3 à 5 ans, plusieurs facteurs limitent cette capacité à augmenter les prix.
    Nous constatons des tendances à la banalisation qui vont probablement se poursuivre notamment si la conjoncture économique est maussade. Autre évolution, la personnalisation de la couverture en fonction des clients.
    Le changement de la réglementation européenne en matière de distribution des produits d’assurance peut également affecter le marché de l’IARD. Ainsi, le projet de directive DIA 2 (directive sur l’intermédiation en assurances, ndlr) dont la mise en œuvre sera impérative, imposerait en l’état actuel du texte, une transparence totale de la rémunération des intermédiaires en matière d’assurance qui pourrait accélérer la pression sur les réseaux de distribution présentant les coûts les plus élevés.
    Par ailleurs, le marché des professionnels et des PME est largement convoité car il constitue un gisement de croissance important et dégage une rentabilité plus élevée que les assurances de particuliers. La technicité et la capacité à personnaliser les offres sont essentielles sur ce secteur.

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