Les complémentaires santé veulent se différencier par le service

    Aujourd’hui, les complémentaires santé ont vocation à devenir bien plus qu’un financeur. Les assureurs cherchent à renouveler leur métier par le biais de services à forte valeur ajoutée, comme la constitution de réseaux de soins.

    Qu’il s’agisse de mutuelles, d’assureurs privés ou d’institutions de prévoyance, tous les acteurs s’accordent sur un point. La complémentaire santé a un nouveau rôle à jouer, dans un contexte où le secteur public se désengage.

    La complémentaire n’est plus un simple service de mutualisation des risques et de remboursement des frais avancés. Le conseil est devenu le maître mot parmi les services apportés. « Il faut apporter de vrais services à valeur ajoutée, assure David Dorn, directeur du marché santé prévoyance et dépendance pour les particuliers Axa. L’orientation médicale et la prévention santé sont des territoires importants en termes de services. »

    L’assureur compte ainsi enrichir sa gamme de produits et propose déjà un pack hospitalisation avec un service d’orientation médicale, et de téléconseil  7 jours sur 7, qu’il compte compléter avec des services « de transparence », tels que des simulateurs de remboursement ou des guides santé.

    Freins

    Toutefois, il existe certains freins qui empêchent les assureurs d’aller plus loin : « Il y a encore beaucoup de réglementation, explique Henri Laurent, directeur général prévoyance et santé chez Swiss Life. Par exemple, nous avons réalisé un guide hospitalier qui exploite des données officielles, mais on nous ne pouvons pas encore classer les spécialistes. Il faut évoluer du métier de financeur de soins à celui d’accompagnement des assurés. »

    Parmi les grands changements de ces dernières années, la constitution de réseaux de soins a permis d’avancer dans cette voie. Qu’il s’agisse de réseaux ouverts ou fermés, l’idée est de maîtriser les coûts tout en permettant aux patients de bénéficier de soins de qualité.

    Certains, comme Swiss Life, jugent les réseaux fermés trop coercitifs. L’assureur a opté pour un réseau ouvert, Carte Blanche partenaires en l’occurrence, et ne voit pas l’intérêt d’un réseau fermé. «Nous savons faire de la régulation économique par le contrat : il y a bien longtemps que les assureurs savent maîtriser leurs risques, affirme Henri Laurent. Lorsque nous négocions des tarifs, avec des professionnels de santé,  nous voulons proposer aux assurés un service de qualité au meilleur coût. »

    Tiers payant intelligent

    Chez AG2R La Mondiale, on ne mise pas sur les réseaux de soins à proprement parler, mais sur les services de tiers payant  « intelligent » (utilisation du smartphone par exemple) et de géolocalisation des professionnels de santé. Plus de 100.000 sont répertoriés. « Nous sommes très attachés à la liberté de choix de l’individu », affirme Jean-François Ropelewski, directeur marketing.  Toutefois, la notion de réseau de soin est à l’étude : « Mais nous ne voulons pas faire de copié collé de ce qui existe déjà », ajoute-t-il.

    Les services des réseaux de soins sont pour l’instant souvent limités aux opticiens, dentistes ou audioprothésistes, certains acteurs songent à les étendre à d’autres professionnels de santé. « Nous cherchons à étendre le réseau à d’autres zones géographiques et à d’autres spécialités, confie David Dorn, chez Axa. Même si la priorité reste de consolider notre position autour des trois spécialités existantes ».

    Groupe de management santé

    Pour Claire Bodin,  membre du collège des économistes de la santé, la notion de « plateforme de santé », pour désigner les organismes qui constituent ces réseaux, est dépassée. Il faudrait plutôt parler de « groupes de management santé ».  « C’est un modèle qui vise à aider mieux les assurés à manager leur santé et à améliorer la qualité des soins tout en faisant des économies », explique-t-elle.

    Or l’assureur ne peut le faire tout seul. « Il a besoin d’un staff de spécialistes de toutes les disciplines, bien entraînés à la relation avec les professionnels de santé, ainsi que de compétences statistiques et informatiques, continue-t-elle. Tout cela représente des moyens financiers qu’il est préférable de partager.  De plus, il s’agit d’un groupe juridiquement autonome : les données personnelles des assurés sont entre leurs mains, et non entre celles de l’assureur ».

    Attention toutefois à l’extension de ces réseaux vers d’autres professionnels de santé, selon Claire Bodin : « On n’imagine pas de transposer sur d’autres professions, notamment les médecins,  la notion de réseau telle qu’elle existe aujourd’hui avec les opticiens. Il faut inventer des modes de relations différentes, adaptés à chaque type d’exercice et dans un climat consensuel.» Et donc renouveler le modèle.

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