Le meilleur des dossiers 2011 : La banqueroute d’AIG

    Dans le best of des dossiers 2011, Grégoire Molle s’est intéressé à la faillite d’AIG. Cet article a été publié le 12 septembre.

    La trop grande diversification de l’ex-premier assureur mondial lui a causé du tort. L’émission de CDS et de CDO censée multiplier les profits du groupe s’est notamment révélée être un jeu dangereux.

    AIG subit plusieurs gros revers en 2008, qui conduisent la société à encaisser des pertes s’élevant à 13,2Mds de dollars durant les six premiers mois de cette année. A l’origine de ces pertes abyssales, la trop grande part accordée par l’assureur aux Credit Default Swaps (CDS).

    Ces derniers sont des assurances contre le défaut d’obligations. En pratique, lorsqu’un actif perd sa valeur qui devient inférieure à la valeur d’achat, l’assureur doit verser des indemnités compensant les pertes de l’assuré. En titrisant les obligations, certaines banques et certaines assureurs, dont AIG, diffusaient et faisaient porter sur plusieurs acteurs le risque de défaut.

    En théorie, les CDS devaient permettre de solidifier le marché des obligations en assurant les personnes qui les prenaient contre les pertes et en faisant porter le risque d’un défaut sur plusieurs acteurs. Ce risque devenait moins lourd à supporter car partagé.

    En pratique, le fait de disséminer ainsi les assurances en les donnant à des personnes n’ayant aucun rapport avec les prêts immobiliers a eu un effet pervers. La spéculation sur ces prêts, en pariant que les ménages ne parviendraient pas à rembourser, à entraîné une hausse des taux variables de ces prêts et les ménages n’ont effectivement pas pu rembourser. On appelle ce genre d’évènements des anticipations auto-réalisatrices : c’est le fait que les spéculateurs parient que les emprunteurs ne pourront pas rembourser leur prêt qui conduit à ce que ces derniers ne puissent en effet pas s’acquitter de leurs dettes.

    Les spéculateurs s’attendaient alors à percevoir le montant promis par l’assureur lui ayant fourni des CDS : la valeur initialement espérée, au moment du contrat, de l’obligation, ainsi que le montant des intérêts.

    Normalement, les législations en vigueur déjà mises en place à l’époque devaient garantir le fait qu’AIG puisse rembourser tous ses assurés, en obligeant l’assureur à avoir un certain montant de fonds propres par rapport à ses investissements.

    Le contournement des règles conduit AIG à la faillite

    AIG est parvenu, en émettant des CDO (Collaterised Debt Obligation) à contourner ces règlements. Les CDO sont des structures d’actifs financiers qui permettent de faire sortir certaines créances du bilan de l’institution financière. Ainsi, cette dernière peut, comme l’a fait AIG, traiter de nouvelles opérations sans augmenter son capital, et ceci sans que les régulateurs financiers puissent détecter une anomalie dans les comptes de l’organisation.

    Mais l’effet de levier de ce genre de pratiques était trop important. AIG ayant émis de telles obligations à de nombreux destinataires et en grande quantité, le groupe s’exposait fortement au risque de ne pas pouvoir rembourser tous ses assurés ayant contracté des CDS, et celui de tomber en faillite avec.

    C’est ce qui arriva en 2008. Les sociétés Fannie Mae et Freddy Mac étaient des sociétés garantissant des hypothèques (5.200Mds de dollars du marché des hypothèques). Avec l’explosion du marché des subprimes, la faillite de ces deux sociétés est devenue évidente, et celle de AIG avec. Les obligations ont alors perdu en septembre 2008 leur valeur brutalement et simultanément.

    C’est ainsi la combinaison entre CDO et CDS qui a amené à l’immense faillite du plus gros assureur mondial. Cette dernière aurait pu avoir des conséquences énormes sur l’économie mondiale si elle n’avait pas été prise en main par l’État américain.

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