Le livret A concurrence-t-il sérieusement l’assurance-vie ?

    2011 a été une mauvaise année pour l’assurance-vie alors que le livret A se porte très bien. Deux produits d’épargne sur des lignes fiscales différentes qu’on ne cesse pourtant de mettre en concurrence.

    Trois ans après 2008, la crise est toujours là et le pouvoir d’achat des ménages français demeure en berne. Leur taux d’épargne de nos concitoyens reste néanmoins stable, avec tout de même un léger recul à 17,1 % contre 17,3 % au dernier trimestre, selon l’Insee.  Et à l’inverse de l’assurance-vie, le livret A affiche une bonne santé insolente. Léger ralentissement, toutefois, en novembre puisque le 11e mois de l’année enregistre une baisse des dépôts de 40M d’euros.

    2011 reste malgré tout un bon cru pour le livret A puisque sur l’année, l’encours sur le livret n’a cessé de croitre, de 21% en moyenne. Fin novembre, la collecte avait augmenté sur l’année de 16,53Mds d’euros, non loin du record absolu enregistré en 2008 de 18,7Mds d’euros. Et en effet, selon un sondage récent réalisé par TNS Sofres pour La Banque Postale et Les Echos, le Livret A continue d’être le produit privilégié des Français en termes de placements, mais aussi d’intentions à court terme.

    Le Livret A continue d’être le produit privilégié des Français en termes de placements, mais aussi d’intentions à court terme

    Et les banquiers ne se privent pas de mettre en avant les livrets de placement afin d’alimenter les besoins en ressources et fonds propres en vue des nouvelles exigences réglementaires. Bâle III exige en effet de couvrir 9% en fonds propres. Ces dépôts sont en effet plus intéressants pour les banques lorsqu’ils sont effectués sur des livrets plutôt que sur de l’épargne à long terme : les dépôts sur l’assurance-vie n’entre pas dans le bilan des établissements.

    On peut d’ores et déjà prédire que l’assurance-vie actuellement distribuée à 60% par les réseaux bancaires, est en voie de disparition du côté de ces établissements. De plus en plus, les épargnants doivent la réclamer pour se la voir proposé. Beaucoup aussi plébiscitent le Livret A pour la disponibilité de l’argent.

    Et en période de crise, certains épargnants préfèrent en effet placer leur argent sur le marché monétaire qui comporte moins de risque. D’autant que le livret A fait partie des placements les plus sûrs, au même titre que les autres livrets (développement durable, jeune etc.), puisque c’est le fonds de garantie des dépôts qui couvre la collecte.

    A sans doute sonné le glas de l’assurance-vie telle qu’elle existe aujourd’hui, en vue de laisser place à des nouveaux produits

    Autre avantage pour l’épargnant court-terme, on le répète assez, le taux d’intérêt du livret qui ne cesse de faire du coude à coude avec celui de l’assurance-vie. Une lisibilité parfois brouillée pour les épargnants. La rémunération du Livret A était annoncé autour des 2,5%, voire 2,75%, quand l’assurance-vie à capital garanti affiche un rendement à 3% en moyenne pour 2011.

    Bonne nouvelle toutefois pour les assureurs puisqu’il reste finalement inchangé au 1er février 2012 à 2,25% en dépit de la progression de l’inflation de 2,5% en décembre sur un an. Une déflation est attendue au cours de l’année. Qui plus est, favoriser l’épargne avec un taux de rémunération plus attractif c’était prendre le risque de moins alimenter la consommation en cette période fragile.

    Malgré cette percée du livret, le contrat d’assurance-vie reste le placement le plus détenu par les Français, puisqu’il représente 30 millions de placements en France, soit 6 fois la masse d’épargne du Livret A (211Mds d’euros). A sans doute sonné le glas de l’assurance-vie telle qu’elle existe aujourd’hui, en vue de laisser place à de nouvelles gammes de produits. Car l’assurance-vie reste bien le seul placement de long-terme. La confrontation entre épargne court-termiste et long-termiste a le mérite remettre le rôle de chacune au cœur du débat. Et de pousser les assureurs à repenser le produit… Comme le déclarait Nicolas Moreau au Figaro, « Il faut préparer l’après fonds en euros ».

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