L’assurance vit

    Pour reconquérir les Français, les assureurs vie font bouger leur produit d’épargne de long terme. Dans un contexte de crise, le mot d’ordre est d’allier la sécurité de l’épargne en même temps qu’une prise de risque minimum qui permette d’offrir du rendement.

    « Elle n’a pas bougé, pas changé ». Pour ne pas « fêter tous ensemble une gamme de produit d’épargne qui a 40 ans » comme dans la pub du CIC, certains assureurs repensent leurs produits d’assurance-vie afin de servir des taux qui restent attractifs, sans avoir à puiser dans la PPE.  N’en déplaise à l’ACP.

    Parlant des fonds en euros, l’assurance-vie garantie est devenue pesante pour les exigences en fonds propres. Nicolas Moreau déclarait qu’Axa réfléchissait  à « l’après contrat en euros ». Et en effet, 41% des professionnels du secteur estiment que ce placement laissera la place à d’autres produits d’épargne retraite d’ici deux à cinq ans. 43% s’attendent même à le voir remplacé par d’autres produits à capitaux garantis, selon une enquête menée par la société de conseil en actuariat Optimind, en partenariat avec OpinionWay.

    Car le défi est bien là : continuer de proposer une garantie tout en offrant un meilleur rendement avec une prise de risque prédéfinie en fonction du profil. « La difficulté de ce métier, c’est d’optimiser le couple rendements / sécurité. C’est le nerf de la guerre : prendre un peu de risque, mais de façon très mesurée » déclare Philippe Jean Dit Berthelot, président du directoire de Mutavie à la MACIF.

    Se démarquer des banquiers

    Certains misent sur de l’eurodiversifé et de produits d’une complexité très fortes, avec des frais importants. Une transparence pas toujours évidente pour l’épargnant et surtout des produits ont la  caractéristique de faire porter le risque à l’assuré. Une stratégie de plus en plus mise en œuvre par les bancassureurs, qui, en raison de Bâle III, souhaitent renvoyer le risque financier aux souscripteurs sur des stratégies multisupports notamment.

    D’autant que les banquiers, en 2012, vont continuer à déployer la stratégie menée en 2011 et réorienter l’épargne vers des produits bancaires. Face à des acteurs qui vont convaincre les épargnants que l’argent est mieux placé sur les livrets bancaires, comment se démarquer ? L’objectif affiché par tous reste la sécurité. Pas question de se défaire de la garantie des contrats en euros qui sonnent comme un « acquis social de l’assurance-vie ».

    Plus de transparence

    La clarté est clairement mise en avant. Une demande des assurés qui doutent en période de crise. A la Macif, « Les détenteurs d’un produit ont tous le même taux. Pas de taux boosté sur certains contrats, ni d’offre alambiquée. Nous n’avons pas cette stratégie qui consiste à favoriser certains portefeuilles aux détriments d’autres clients, en particulier les plus anciens », selon M. Berthelot. Les évolutions se concentrent plutôt sur le conseil : « Nous sommes proactifs grâce à notre cellule de gestion patrimoniale. Nous allons proposer un contact personnalisé à un certain nombre de nos souscripteurs », précise M. Berthelot.

    Une gestion plus flexible

    Les assureurs s’orientent aussi vers des solutions clés en main avec une gestion plus active que par le passé. L’approche statique ne correspond en effet plus aux tendances incertaines du marché. Les produits qui permettent plus de flexibilité et de réactivité sont désormais plus adaptés.

    Du côté d’Axa, même discours sur la nécessité de sécuriser l’épargne grâce au fonds en euros. Pourtant, « il faut prendre le risque de lancer des produits innovants » déclarait Nicolas Moreau. « Le fonds en euros reste pour nous très pertinent », explique Nicolas Deschamps,  directeur du marché de l’épargne affluent et retraite d’AXA France.

    Le fonds en euros ne s’envisage en revanche plus seul, c’est là que les contrats d’assurance-vie ont de la flexibilité. « Nous proposons dans des solutions packagées associées à des supports plus dynamiques et flexibles pour plus de performance. La gestion de nos solutions clés en main sont plus actives » poursuit Nicolas Deschamps.  Le géant à trois lettres développe également sur les contrats de ses grands réseaux la gestion sous mandat, plutôt pour les clients « haut de gamme » ou « affluent ». Une gestion beaucoup plus dynamique des contrats, toujours en fonction du profil de risque prédéfini.

    Les clients étant de plus en plus exigeants sur la qualité de la gestion, la tendance de l’architecture ouverte se développe également. « Pour certaines expertises en matière de gestion d’actifs nous n’hésitons à nous adresser aux meilleures sociétés de gestions du marché, même externes au Groupe AXA » explique M. Deschamps. Des contrats qui existent depuis quelques années dans contrats haut de gamme, mais commencent à faire leur entrée du côté du grand public.

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