La sinistralité auto, un risque à redéfinir

    Le marché des particuliers repose sur un paradoxe pour les assureurs : hyperconcurrentiel, les primes sont pourtant élevées. Fragile ces dernières années, l’équilibre technique du secteur cause aujourd’hui moins de problème. Sauf lorsque le déficit est un choix. 

    Saturé, le marché n’a jamais affiché autant d’acteurs et pourtant les tarifs augmentent maintenant régulièrement. A 19Mds d’euros, les cotisations automobiles ont augmenté de 4% pour l’année 2011, selon les chiffres de la FFSA. Une légère hausse entamée en 2010 après 6 années de stagnation ou de baisse tirée par le marché des particuliers dont le chiffre d’affaires augmente de 3% quand celui des entreprises baisse de 0,5%. 

    Pour la 7e année consécutive les assurances obligatoires sont en revanche en baisse de 0,2% à parc assuré constant puisque la RC ne représente que 37% des cotisations. L’amélioration de la couverture mène à une progression des véhicules assurés en dommages.

    Ces dernières années, les baisses de tarifs trop importantes avaient fini par conduire l’assurance auto à des résultats techniques fragiles. Entre 2002 et 2008 la sinistralité globale en assurance auto avait chuté significativement, d’environ 3% par an en moyenne avant de reprendre pour l’exercice 2009, suite à une ré-augmentation de la vitesse couplée à une hausse de la circulation et à de mauvaises conditions climatiques.

    Les accidents en baisse

    Pourtant, sur la période 2002-2008 le risque théorique moyen mesuré par la prime n’avait pas enregistré une baisse significative, selon la FFSA, en diminuant de 1,6% en moyenne. Une non-répercussion causée en partie par l’inflation. La FFSA estime que la cotisation moyenne a enregistré une baisse 1 à 2% par an alors que l’indice des prix a enregistré une hausse de 1,5% par an.

    Depuis, le marché a pourtant repris des couleurs selon Cyrille Chartier-Kastler, même si certains sont bien sur le fil du rasoir : « La plupart des assureurs gagne de l’argent sur le marché automobile, comme le prouvent les ratios combinés. » Et la fréquence d’accidents est moins élevée, favorisée par des comportements plus prudents et des campagnes de prévention. Alors qu’est-ce qui pèse sur les primes ?

    La nature du risque s’est modifiée

    La nature des risques s’est modifiée au cours des dernières années, le coût des indemnisations corporelles est de plus en plus élevé et les assureurs notent une augmentation des coûts de la branche dommages en général. Tempêtes Xynthia, inondations dans le Var, etc. la répercussion des catastrophes naturelles mais aussi le vieillissement de la population ou l’amélioration des technologies médicales impactent le coût de la sinistralité qui s’accompagne parfois de procès délétères.

    Le coût de la concurrence n’est pas à négliger non plus : dans un marché où les acteurs sont sans cesse plus nombreux, les campagnes de publicité et de promotions ont un coût.

    Le président du cabinet de conseil Facts&Figures remarque néanmoins que les écarts de tarifs sont parfois énormes, même sur les cibles classiques type « bon père de famille ». « Ceux qui choisissent de pratiquer des tarifs très en deçà du marché et fragilisent leur équilibre technique le font pour proposer ensuite d’autres produits en dommages. C’est un choix marketing. Le marché auto et la branche dommage sont deux choses différentes », remarque-t-il.

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