La réassurance en première ligne face aux événements du Japon

    Le premier secteur a subir les effets du séisme au Japon est la réassurance. Les leaders du marché calculent encore leurs pertes et prévoient déjà une hausse des tarifs, tandis que les cours de bourse, chahutés dans les premiers jours des annonces, se reprennent. L’impact sur 2011 et la stratégie du secteur de la réassurance restent à déterminer.

    Le 8 mars, le réassureur français Scor avait annoncé de bons résultats pour l’année 2010 avec un bénéfice atteignant 418M d’euros. Le lendemain, Hanover Re annonçait de son côté un bénéfice record de 749M d’euros…

    Hasard du calendrier toujours, Munich Re faisait un point, le 10 mars sur la charge de sinistre due au tremblement de terre en Nouvelle Zélande avec un montant de 780M d’euros environ pour le seul séisme, et de près de 1Md d’euros avec les inondations en Australie.
    L’objectif de réaliser un bénéfice net autour de 2,4Mds d’euros pour 2011 restait alors d’actualité « si l’impact des catastrophes naturelles du reste de l’année demeure inférieur aux attentes » prévenait le réassureur dans un communiqué.

    Quand la terre trembla et que la vague déferla le 11 mars, les réassureurs européens n’avaient pas imaginé une telle catastrophe. Les premières réactions vinrent des… marchés financiers.
    Les cours de bourse de Swiss Re, Munich Re, Scor, Hanover Re, furent ainsi malmenés, perdant tous entre 4 et 6% le 11 mars. Il aura fallu attendre près d’une semaine pour que les titres se redressent.

    Première estimation à 2Mds d’euros, plus proche des 3Mds d’euros selon le secteur

    Incapables de donner une première estimation, la plupart des réassureurs laissèrent faire, sans pouvoir influer sur les cours. JP Morgan Cazenove sortait alors une première estimation, de l’ordre de 1 à 2Mds d’euros d’impact pour les réassureurs européens.

    Il apparaît, deux semaines après le séisme, que l’impact pourrait être un peu plus important pour les réassureurs, pris chacun indépendamment. Si le système japonais de réassurance couvre une part non négligeable des dégâts, le marché privé est tout de même bien implanté.

    Pour les réassureurs, l’heure des comptes arrive. Munich Re, leader mondial est proportionnellement le plus exposé et estime une charge proche de 1,5Md d’euros suite à la catastrophe. Hanover Re de son côté parlait de 250M d’euros, Swiss Re 847M d’euros, Scor de 185M d’euros en limite haute et en dommages uniquement.

    Au total, pour les quatre principaux réassureurs mondiaux, les estimations tournent autour de 2,8Mds d’euros. Les conséquences, sur les tarifs en premier lieu, sont perceptibles. Après des années de « surcapacité », c’est à dire d’une offre largement supérieur à la demande, les tarifs sont restés à un niveau acceptable pour la profession, ces réassureurs tenant le marché.

    Vers une évolution tarifaire ?

    Avec ces événements, car le Japon s’inscrit dans une série plus funeste encore avec la Nouvelle-Zélande et, dans une moindre mesure, les inondations en Australie, les tarifs devraient s’orienté à la hausse. Munich Re a déjà prevenu abandonner ses perspectives d’un bénéfice de 2,4Mds d’euros et annuler une opération de rachat de titres (lien).

    L’impact dépassera logiquement le seul Japon. L’AFP, citant Miles Trotter, manager général au sein de l’agence de notation AM Best, évoque un report des renouvellements de contrats prévus en avril. Ceux-ci devraient se faire en juin. L’impact sur la réassurance de biens et responsabilités restera limitée aux seules catastrophes naturelles, dont on peut attendre un redressement pour 2011 – 2012. Une évolution tarifaire qui pourrait encore être accentuée si le reste de l’année ne permet pas de lisser ces événements dans les comptes des réassureurs.

    Crédit Photo : BFMTV

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