La protection juridique, championne de la rentabilité de l’assurance dommages

    Le marché de l’assurance de PJ affiche des performances particulièrement satisfaisantes, aussi bien au niveau de sa croissance que de sa rentabilité.

    Sur le marché atone et saturé de l’assurance dommages, la protection juridique (PJ) se démarque nettement.
    Le résultat technique de l’assurance PJ affiche une performance enviable de 59%“, indique Monique Laborie de l’institut Xerfi. “Cette situation tient à l’efficacité du conseil juridique dispensé par téléphone et à la prépondérance des résolutions à l’amiable. En moyenne, seule une téléconsultation sur neuf débouche finalement sur une ouverture de dossiers de sinistres et 80% des litiges se règlent par une procédure à l’amiable.” Le dossier réglé à l’amiable est largement moins couteux que celui clôturé de façon judiciaire. Ainsi, le coût moyen s’élève à 342 euros à l’amiable et à 1.700 euros en judiciaire, précise Hubert Allemand, directeur du GIE Civis, un groupement de moyens qui compte 26 sociétés partenaires. Le coût moyen d’un dossier de PJ “éligible” est de l’ordre de 800 euros en moyenne (dont 200 euros au titre des frais de gestion et 600 euros pour les frais externes tels que le paiement des mandataires). “Il existe un développement de la notoriété de la branche PJ et de ce fait une remontée des « petits dossiers » qui se prêtent bien au règlement à l’amiable. Le but de la PJ n’est pas d’encombrer les tribunaux mais de trouver une solution pragmatique et efficace à l’assuré“, poursuit Hubert Allemand. Concernant le ratio sinistres sur primes, le GIE Civis précise : “Le positionnement est compris entre 40% et 50%. Notre préconisation auprès des sociétés adhérentes est de viser un ratio de l’ordre de 50%, voire 60%.” Reste à chaque société à mettre en place sa stratégie en fonction de ses objectifs.

    Une utilisation plus fréquente des contrats

    La fréquence d’utilisation des garanties de PJ est fortement corrélée aux campagnes de communication sur l’offre et au mode de gestion (inclusion, option, contrat individuel).
    Globalement, le marché tend vers moins d’inclusion et davantage de monocontrats. Ces contrats vendus seuls sont « achetés » par le client, ce qui implique une plus forte utilisation et entraine une baisse de la rentabilité“, indique Claire Riollier, DG de Protexia France (Allianz Protection Juridique, chiffre d’affaires de 38M euros en 2012, 45 M euros en incluant la gestion pour compte de l’activité PJ d’Allianz France). “Nous avons constaté une augmentation de la fréquence de 5% en 2012. Le service d’information juridique enregistre également une hausse de son taux d’utilisation”, observe Hubert Allemand.
    La PJ conquière une certaine notoriété ce qui contribue à augmenter la fréquence des sinistres. De ce fait, la charge des sinistres évolue à la hausse pour certains acteurs, sans remettre en cause la bonne rentabilité du secteur“, confirme Rose Marie Pardo, DG de Groupama PJ, en précisant que la fréquence d’utilisation des contrats de PJ tourne autour de 4 à 5% sur le marché des particuliers – tout en dépendant étroitement du mode de distribution- et de 12 à 15% pour les professionnels. “La PJ a vocation à jouer un rôle dans le quotidien des clients”, indique Jean-Manuel Caparros, responsable marketing et innovations d’Axa PJ, “nous avons ainsi des programmes relationnels vis-à-vis de nos assurés qui les incitent à consommer leurs garanties notamment la partie prévention. La PJ étant encore relativement peu connue et non obligatoire, l’enjeu est de démontrer par l’usage son intérêt et sa pertinence.
    La hausse de la fréquence pourrait s’accompagner d’augmentations tarifaires. Côté tarifs, la prime moyenne annuelle des contrats du marché est de l’ordre de 75 euros pour les particuliers et oscille entre 200 et 5.000 euros pour les professionnels, relève Groupama PJ.

    Une augmentation des coûts

    La rentabilité est assez satisfaisante mais nous observons une augmentation du coût des frais de justice tels que la rémunération d’avocat et notamment des expertises judiciaires”, indique Gilles Garbes, directeur commercial d’Assistance Protection Juridique (APJ), assureur PJ de GMF et Maaf.
    Certains acteurs sont particulièrement attentifs à leur rentabilité et optent pour une approche assez sélective des risques, à l’instar de Protexia. “Nous sommes l’un des acteurs les plus rentables du marché grâce à notre expertise dans l’évaluation des risques et notre approche tarifaire”, indique Claire Riollier. “Par ailleurs, nous avançons très prudemment sur les segments pour lesquels le risque de dérive est fort comme, par exemple, les garanties de perte pécuniaire.” Cette stratégie a amené la filiale à résilier certains portefeuilles de grands comptes en 2012. Protexia France affiche un ratio combiné, en-dessous de 80%, un niveau inférieur au marché.

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