Dossier : La fraude, cette illustre (in)connue

    Elle avance à pas de velours et masquée dans les entreprises. Pourtant elle fait de plus en plus mal, y compris dans l’assurance. Où en est la fraude sur le terrain ?

    Si la cybercriminalité se généralise à l’heure du Web et des technologies digitales à tout va, la fraude affiche également cette tendance à la banalisation. Sans pour autant adopter un modus operandi exclusivement technologique, c’est-à-dire passant par l’informatique. Elle peut même parfois être artisanale et faire mouche. Quoi qu’il en soit, selon le cabinet de courtage Bessé qui a organisé un séminaire en la matière au mois d’octobre dernier, les sociétés s’estiment bien contrôlées en interne et s’appuient sur des collaborateurs de confiance ; pourtant, “depuis 2011, plus de 500 entreprises françaises ont été la cible de réseaux organisés ayant détourné à leur profit des montants considérables avoisinant les 250M d’euros”, estime Christophe Madec, expert Fraude Détournement chez Bessé.
    Désormais, aucune entreprise n’est à l’abri d’un acte frauduleux. Des petites aux plus grandes, toutes sont concernées.

    L’un des changements réside dans la multitude de mécanismes de fraude auxquels l’entreprise doit faire face. Selon Laurent Mayet, directeur, expert associé GM Consultant, “la finalité est de conduire les entreprises visées à procéder à des virements de fonds“. Souvent les réseaux à la source de ces malversations financières agissent à partir de l’étranger. Et ciblent principalement les entreprises françaises Dans l’Hexagone, on constate plutôt une montée en puissance de la fraude aux présidents (cf. encadré), “une spécificité française“, indique le cabinet Bessé selon lequel “10 % des entreprises nationales reconnaissent avoir été victimes de ce genre de fraude”. Pour autant, dans la plupart des cas, la fraude au sein de l’entreprise bénéficie d’une aide interne. Laurent Mayet n’hésite pas à parler de la moitié des cas concernés par cette pratique. Et généralement, le collaborateur mis en cause est un employé modèle, au-dessus de tout soupçon.

    Les assureurs visés pour leur métier

    Si la fraude touche les sociétés d’assurances comme entreprise, elle ne les épargne pas comme porteurs de risques. Et sur ce terrain, les mécanismes se complexifient également avec les approches en bandes organisées facilitées, notamment, par les réseaux sociaux. Dans la lutte contre ce fléau, les assureurs privilégient généralement des méthodes artisanales alors que la technologie est déjà mature. Selon une enquête européenne conduite dans le cadre du SAS Forum, “seulement 21 % des assureurs surveillent la fraude en temps réel, contre 67 % sur une base mensuelle ou trimestrielle”. Pourtant, les freins réglementaires sont désormais levés avec les nouvelles dispositions d’accès aux données exploitables à des fins de fraudes. Selon Antony Pycke, Senior Manager Practice Assurance chez Investance, “cette innovation réglementaire simplifie les démarches et offre un cadre unique de traitement de la donnée personnelle”. Et donc d’accès facile aux données à traiter pour détecter la fraude.

    Plus que jamais, la fraude sévit. Pour autant, les moyens existent désormais, y compris assurantiels et réglementaires, pour lutter contre elle. A la fois juges et parties, porteurs de risques et victimes, les assureurs doivent être en première ligne.

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