La formation en pleine évolution

    Misant sur l’ouverture à différents profils en même temps qu’une professionnalisation des cursus, la formation aux métiers de l’assurance évolue en même temps que le secteur.

    Profession en proie aux effets du papy-boom et composée de 15% de moins de 30 ans pour 15% de plus de 55 ans, l’assurance a besoin de jeune main d’œuvre. « On constate une augmentation des inscriptions puisqu’en 5 ans, les effectifs de l’Enass ont doublé » selon Olivier de Lagarde, directeur adjoint de l’Enass. Un phénomène qui s’explique par trois raisons. L’objectif d’emploi, d’abord, les jeunes viennent sachant que le secteur recrute en même temps que s’est améliorée l’image des métiers de l’assurance. Surtout, les formations se sont professionnalisées : les assureurs ont été associés à l’école et aux cours.

    L’offre de formation a en effet été renouvelée par la diversification des voies d’accès : les cursus peuvent être réalisés en alternance ou en contrat d’apprentissage et le point d’entrée peut s’effectuer à différents niveaux. En prépa, licence ou grande école d’ingénieur, scientifiques ou littéraires, des étudiants qui ont déjà un bagage, peuvent effectuer un an à l’Enass quel que soit leur niveau et les études réalisées, afin de se spécialiser en assurance. « On voit aussi de plus en plus de programmes qui visent à permettre aux seniors de partager leurs connaissances via des programmes de parrainage de tutorat avec des juniors et assurent un vrai transfert de compétences » relève Mathieu Motillon du cabinet W Human Resources. D’autre part, le niveau d’exigence des entreprises augmente : elles recrutent de plus en plus à bac +5.

    Des enseignements généralisés

    Si les métiers de l’assurance sont très spécialisés, contrairement à ce qu’on peut penser, les enseignements ont été généralisés. Les programmes ont été refondus afin que les élèves aient une vision globale des métiers et du rôle des sociétés d’assurance. Une évolution qui s’explique par le fait que les parcours ne sont plus linéaires : les professionnels sont amenés à pratiquer différents métiers au cours de leur carrière. « L’assurance n’est peut-être pas suffisamment enseignée dans les cursus, déjà existants : ingénierie, architecture, médecine ou magistrature, il y a nombre de champs professionnels en relation avec l’assurance et sur lesquels les formations ne sont pas courantes » remarque M. Lagarde.

    L’enjeu aujourd’hui est qualitatif

    Si le secteur à de gros besoins en recrutement, l’enjeu aujourd’hui est plutôt qualitatif. « La question est de savoir comment attirer les meilleurs élèves, qu’ils ne se tournent pas vers l’assurance par défaut » remarque M. Lagarde. Emplois en CDI, bien rémunérés au sein d’un environnement dynamique, ce qui fait aujourd’hui l’attractivité du secteur pour les étudiants, c’est la dimension internationale. « Une entreprise qui propose des postes à l’étranger est un soutien extraordinaire pour recruter des jeunes de haut niveau » souligne M. Lagarde.

    Souscripteurs, responsables marketing, contrôleurs de risques internes, courtages ou chargés de clientèle, beaucoup de métiers commerciaux en risques sont formés sur les bancs de l’école. Les actuaires, formés par les institutions ou en double cursus avec le Cnam par exemple, se font en revanche plus rares. « L’actuariat est un métier très pénurique. Les entreprises ont beaucoup de difficultés à en recruter car il y a très peu de formations en France délivrant le titre d’actuaire, donc très peu de diplômés. Les actuaires ont conscience de leur importance stratégique. Ils peuvent se permettre d’avoir des exigences salariales élevées. De leur côté, les entreprises cherchent à convaincre et fidéliser ses fonctions capitales pour elles. Nous assistons à une surenchère en termes de package de rémunération proposée et négociée », selon Nissrine Fenjiro du cabinet Lincoln Associates.

    Que pensez-vous du sujet ?