Grands risques : Les captives résistent à Solvabilité 2

    Annoncé de longue date, l’effet de Solvabilité 2 sur les captives est… coûteux.

    « Le montant de capital exigé pour notre captive est plus que quintuplé. Heureusement, comme elle a été créée il y a presque dix ans, elle avait constitué des réserves, que nous avons complétées pendant les trois derniers exercices pour atteindre le niveau de capital requis par Solvabilité 2 », indique Michel Blanc, directeur des assurances du groupe Arkema. « Dans ce nouveau cadre réglementaire, si nous n’avions pas déjà eu une captive, je pense que nous n’envisagerions plus d’en créer une », poursuit-il.

    « Le SCR, ou capital cible, augmente en général dans une fourchette de 20 à 50%. Et certaines captives revoient leurs engagements à la baisse. Nous n’avons constaté aucune fermeture de captive qui serait liée à la mise en place de Solvabilité 2. En revanche, les conditions de marché ne poussent pas non plus à mettre en place de nouvelles captives », indique de son côté Etienne Charpentier, directeur réassurance structurée et captives chez Aon France. « La mise en oeuvre de Solvabilité 2 n’entraîne pas de fermeture ou de manque d’engouement pour les captives : nous en avons créé deux en 2015 et nous avons déjà déposé trois demandes d’agrément en ce début d’année », annonce Yannick Zigmann, directeur général de Risk & Reinsurance Solutions (R2S), filiale de Siaci Saint-Honoré.

    « La hausse des exigences en capital doit être relativisée par le fait que ces fonds ne sont pas dépensés mais seulement immobilisés », ajoute ce dernier. Et les économies réalisées restent substantielles : R2S a constaté pour une captive créée en 2015, que le capital cible sous Solvalbilité 2 s’établissait à 1,9 million d’euros. Sous Solvabilité 1, le minimum réglementaire de 1,225 million d’euros aurait suffi. Mais le dispositif restait très attractif puisque l’économie réalisée sur les primes dès la deuxième année tournait autour d’un million d’euros.

    Le capital immobilisé augmente, les coûts de gestion aussi. « Les nouvelles exigences en termes de gouvernance, de gestion et de reporting vont augmenter le travail de la gestion de la captive pour la société locale qui s’en occupe », relate Michel Blanc. « Ces dernières années, les coûts de gestion et les frais informatiques ont augmenté de l’ordre de 20 à 30 %  en relation avec la mise en oeuvre des nouvelles obligations liées à Solvabilité 2 », confirme Yannick Zigmann.
    Les captives ont toutefois encore de beaux jours devant elles. « la captive de réassurance reste un outil attractif pour gérer les risques dans un groupe international. Sinon, il me faudrait une police d’assurance pour chacune de mes 130 filiales ! » explique Michel Blanc.

    Etienne Charpentier souligne lui que ses clients sont de plus en plus nombreux à envisager la création de captives pour les risque prévoyance et décès,  dont les volumes de primes sont plus importants et les sinistres moins volatils.

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