“En assurance auto, les critères tarifaires liés au véhicule restent sous-exploités”, indique Deloitte

    Face à un environnement qui devient de plus en plus complexe, une pression continue sur les tarifs, les assureurs doivent trouver de nouveaux leviers de compétitivité. Jean-Guillaume Zanotti, senior manager chez Deloitte, passe en revue différentes pistes.

    Quels sont les principaux défis que vont devoir relever les assureurs auto ?
    A court terme, la revalorisation des rentes corporelles auto qui est passée du Fonds de garantie des assurances obligatoires (FGAO) à l’assureur. En pratique, les assureurs ont étudié les rentes dans leur portefeuille et ont répercuté la revalorisation sur leurs tarifs.
    Autre défi, la directive européenne qui stipule de ne plus pratiquer de discrimination tarifaire entre les hommes et les femmes. L’impact est significatif sur l’assurance auto, le genre est l’une des variables les plus discriminantes sur les tarifs. Plusieurs positions sont alors possibles pour les assureurs. La plus simple est de mettre en place un tarif moyen homme-femme et de l’appliquer à tous mais le risque est alors d’impacter la rentabilité. En effet, cette solution comporte un risque d’antisélection et d’attirer ainsi plus d’hommes dans le portefeuille alors qu’ils présentent des profils plus risqués. Une solution plus complexe serait de mettre en place de nouveaux critères de tarification. De nombreux assureurs sur-pondèrent ainsi la cylindrée du véhicule du fait de la corrélation entre le véhicule et le genre. La rentabilité est alors maintenue mais elle entraîne une perte de l’expérience au niveau des tarifs. Une solution intermédiaire encore peu exploitée, consiste à trouver d’autres variables différenciantes qui permettent de caractériser le genre de l’assuré sans le dire, par exemple, en instaurant une garantie “sac à main”.

    La maîtrise des coûts est essentielle, quelles sont les stratégies les plus efficaces ?
    L’optimisation des processus est l’un des domaines d’actions privilégiés par les assureurs pour améliorer la gestion des sinistres et réduire leurs coûts. Par exemple, en ciblant les sinistres pour lesquels un expert se déplacera. Autre exemple, l’assureur peut arbitrer entre une indemnisation forfaitaire ou l’évaluation du sinistre par un gestionnaire de dossier pour obtenir un gain de gestion mais cela représente alors un coût.

    Dans ce contexte, comment les assureurs peuvent gagner en compétitivité ?
    Par le développement d’offres spécifiques. La sélection des risques devient une priorité car la variable la plus discriminante jusque là – le genre de l’assuré – n’est plus disponible. Cela peut passer par un siège auto gratuit à la souscription pour attirer des jeunes familles et ainsi équilibrer les risques homme-femme.
    Une fois ces offres élaborées, il faut les tarifer. L’une des pistes réside dans l’élaboration d’une base incluant les caractéristiques détaillées du véhicule telles que l’assistance au freinage, un système de détection des véhicules,…. Une approche qui reste sous-exploitée.
    Des développements restent à opérer au niveau des technologies embarquées, par exemple, destinés aux jeunes conducteurs. Le but est alors de réduire les coûts en cas de sinistre en évitant l’envoi d’un expert sur place, le coût de l’enquête. Ce type d’approche est notamment développé en Belgique et en Suisse.
    Autres leviers de compétitivité, l’optimisation des processus de gestion de sinistre et l’exploitation de la multitude de données provenant des nouvelles technologies telles que les comparateurs Internet, les outils de tarification en ligne, les applications pour smartphone.

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