Dossier : Les TNS-TPE restent sous-équipés en assurance

    La protection sociale des TNS et des TPE constitue l’un des rares marchés de l’assurance qui possède un potentiel d’équipement important. Malgré la crise économique, ce marché reste en légère croissance. Focus sur les dernières tendances et la sinistralité de la branche.

    Avec son potentiel de croissance, le marché des assurances pour les TPE-TNS attire bien des convoitises, notamment par rapport au marché saturé de la complémentaire santé individuelle. Une tendance qui se trouve renforcée avec la mise en œuvre de l’ANI (Accord national interprofessionnel) qui va conduire à une redistribution des cartes entre les acteurs de l’assurance santé.

    “Le marché des assurances destinées aux TNS et aux TPE reste non saturé car si ces segments assurent les biens, la RC relative à leur activité, ces structures sont peu équipées dans le domaine de la protection sociale – santé, prévoyance, retraite, dépendance -. Le taux d’équipement des TPE-TNS atteint ainsi environ 30% en santé, contre plus de 90% pour les grands comptes. Un taux qui s’élève à 28% en prévoyance, 14% en épargne salariale”, explique Jean-François Poletti, associé conseil secteur santé, assurances et mutuelles chez Deloitte, en précisant qu’au cours de ces dernières années, le marché a été en croissance, de plus de 1% par an, représentant +7% depuis 2005.

    Davantage d’arbitrages du fait de la crise économique

    “Dans une période économique délicate, le marché enregistre un niveau de primes relativement stable. Si les TNS et les TPE souscrivent les assurances obligatoires, ils arbitrent davantage en termes de couvertures. En dommages, les primes moyennes d’assurances sont en faible progression du fait de la valeur des stocks qui tend à diminuer”, analyse Cédric Costes, responsable solutions d’assurances des professionnels et des petites entreprises de Generali France. “En prévoyance Madelin, les compagnies réalisent moins d’affaires nouvelles – en baisse de 4% en 2013, après une diminution de 18% un an plus tôt – selon les données de la FFSA. Une tendance qui peut être due au fait que les professionnels changent moins d’assureurs, le nombre de contrats en portefeuille étant assez stable, à +2%”.

    En 2012, les cotisations des contrats de multirisques pour les artisans, commerçants et prestataires de services ont progressé de près de 4%, à 1,7Md d’euros, celles liés aux dommages des biens professionnels (hors dommages agricoles et dommages industriels) augmentaient de 4%, à 2,7Mds, selon la FFSA. Quant aux cotisations des dommages des biens agricoles, elles étaient en hausse de 1%, à 1,1Md.

    Des prestations à la hausse

    Qu’en est-il de la sinistralité de la branche ? Le ratio combiné – qui rapporte les frais de gestion et les coûts des sinistres au total des primes encaissées – après réassurance du secteur dommages aux biens des professionnels et agricoles ressort à 97% en 2012, après 96% un an plus tôt. “Les ratios sinistres sur primes de ce marché sont plutôt satisfaisants. De plus, cette clientèle est fidèle. Le dirigeant dispose de peu de temps à consacrer à ces problématiques et de ce fait ne change pas d’assureur tant qu’il est satisfait”, ajoute Jean-François Poletti.

    Sans assister à une dérive de la sinistralité, les assureurs constatent une augmentation des prestations versées aux TNS-TPE. L’objectif étant parfois pour les entreprises en difficulté économique de faire prendre en charge leurs revenus par l’assurance.

    “Dans un contexte économique un peu difficile, nous constatons que les durées d’indemnisation au titre de l’arrêt de travail s’allongent”, détaille Cédric Costes. “Le RSI (Régime sociale des indépendants) affiche un montant de prestations en hausse de 8% en 2013 et la FFSA annonce une augmentation de 10% de prestations concernant la prévoyance des TNS”.

    Autre constat, une sélection des risques qui tend à se renforcer chez les assureurs. “La sinistralité est maîtrisée du fait d’un renforcement de la sélection des risques par les assureurs”, explique Jean-Louis Delpérié, directeur chez Exton Consulting. “Cela conduit certains professionnels à rencontrer des difficultés pour s’assurer notamment ceux qui subissent particulièrement les risques liés aux vols et à l’incendie, par exemple, les bijoutiers, les parfumeries. Les mesures de prévention sont alors incontournables”.

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