L’entrée en vigueur de Solvabilité II va obliger les mutuelles 45 à revoir leur organisation opérationnelle. Une réorganisation ambitieuse qui peut poser problème sur certains postes mais surtout leur coûter très cher.
La réforme réglementaire européenne Solvabilité II ne ravit pas le monde de l’assurance. Elle oblige à revoir sa façon de travailler, changer son organisation opérationnelle, penser des calendriers de reporting et piloter d’une manière différente son risque.
Les mutuelles dans cette histoire se sentent lésées par cette nouvelle règlementation dont l’entrée en vigueur est toujours repoussée. Philippe Mixe, président de la Fnim, prévient d’emblée, “le coût de Solvabiltié II va être considérable et, malheureusement, il sera répercuté sur l’adhérent. Je souris lorsque je vois qu’on demande aux mutuelles de toujours baisser leurs frais de gestion, quand on nous rajoute sans cesse une louche de réglementation et de déremboursements de la Sécurité sociale”. Un cap qui semble difficile à passer.
Le suivi du risque, véritable enjeu
Du côté des experts, Nicolas Le Berrigaud, spécialiste santé chez Optimind Winter et Olivier Arroua, associé chez Selenis sont d’accords pour dire que les mutuelles ont de très bonnes marges de solvabilité et donc qu’elles n ‘auront aucun problème à passer le cap de Solva II dans ce domaine. “Solvabilité II emporte avec elle une tonne de contraintes opérationnelles. Il faut mettre en place des cartographies de risque, des systèmes de reporting financiers et aussi plusieurs mesures assez pointues… Dans ce sens, le cap va être difficile à passer“, commence Olivier Arroua.
Nicolas Le Berrigaud renchérit : “La réforme va modifier leur organisation traditionnelle. Ce qui va être difficile, c’est de mettre en place des systèmes de pilotage du risque. De plus, il faut savoir que les effectifs des mutuelles sont composés de salariés et de bénévoles. Les mutuelles vont devoir adapter leur structure et on ne peut pas demander le même travail à un salarié et à un bénévole en terme de suivi du risque. Solvabiltié II va coûter cher aux mutuelles en capital.“
Et si Solvabilité II était une opportunité?
Pour autant les mutuelles se préparent à passer ce cap tant bien que mal. Beaucoup multiplient les efforts pour se plier à cette nouvelle réglementation. “Elles sont très ennuyées des reports de calendrier comme tout le marché. De fait, les chantiers de préparation ont du mal à avancer. Aujourd’hui beaucoup de mutuelles ont lancé des chantiers de réflexion sur leur pilier 3 (le reporting). Pour certaines, elles ne voient pas Solvabilité II que comme une contrainte…” explique Marie-Laure Dreyfuss, directeur de mission, responsable du pôle Gouvernance et Contrôle Interne chez Actuaris.
Une réforme encore au goût du jour ?
Jean-Martin Cohen Solal, directeur général de la Mutualité Française conclut : “on en parle moins en ce moment car le dossier prend du retard. Sur le pilier 1, en termes de fonds propres, nous sommes arrivés à négocier que les mutuelles conservent un palier acceptable. Sur le pilier 2, la Mutualité travaille sur les règles de compétence”. Par ailleurs, la FNMF essaye de trouver avec l’administration une adaptation de Solvabilité II même si aujourd’hui le calendrier se fait moins pressant.
