Dossier : Les lignes financières peuvent-elles représenter des opportunités ?

    Le marché des lignes financières est très différent d’un aspect l’autre du prisme. D’un côté, les institutions financières ont particulièrement souffert de la crise du même nom. De l’autre, des entreprise de taille moyenne spécialisée finance qui attirent les assureurs et les capacités.

    La crise financière aura eu cet impact particulier de dégrader les relations entre les assureurs et les assurés « institutions financières ». La tension est palpable sur toutes les grandes lignes que sont la RC des mandataires sociaux, la RC pro et les risques de fraude pour les banques notamment.

    La faute à plusieurs facteurs, comme, en premier lieu, la lenteur du dénouement des sinistres qui passent souvent par des phases judiciaires. C’est en 2011 que ce sont réglés les sinistres de 2008, année noire pour la finance. Depuis 2008, les ratios se sont envolés et les assureurs ont fermé les robinets, au point de se désengager de ces risques pour certains d’entre eux.

    Mais à côté de ce tableau très noir, des assureurs veulent au contraire positionner leur développement vers les lignes financières. C’est le cas par exemple d’Allianz GCS. Thierry Van Santen, son directeur général, imagine « un potentiel de croissance et d’accélération » sur ce risque, alors que AGCS France ne réalise que 1,6% de son chiffre d’affaires, soit 10,4M d’euros, sur les lignes financières en 2011.

    « Nous avons des capacités significatives et une grande expertise. Nous pouvons allez plus en avant avec une position d’apériteur de grands programmes » explique-t-il. L’avantage de grands assureurs sur ces lignes est l’émission de polices dans différents pays, tenant compte des contraintes juridiques locales. L’avantage d’un grand groupe est une force, son implantation géographique et l’expertise des équipes peuvent séduire, d’autant que la concurrence se raréfie et que les tarifs, du fait de la tension sur ces lignes, sont intéressants.

    En plus du groupe Allianz, AGCS entend s’appuyer sur « Allianz France et son réseau d’agent pour distribuer la RCMS à des PME ou PMI ».
    Dès lors, le changement de catégorie est notable. Plutôt que les grandes institutions financières, le recentrage de quelques assureurs sur des primes moins élevées mais au ratio de sinistralité plus tenable pour l’assureur.

    « C’est un effet de ces dernières années sur les mid cap, nous voyons arriver de nouveaux entrants, qui sont des acteurs connus et reconnus sur les grands comptes et qui veulent développer leurs parts de marché » révèle Eric Remus, directeur du département Risques Financiers chez Siaci-Saint-Honoré. « Sur ce marché, les engagements sont moins importants et il y a une véritable appétence aux risques » explique-t-il.

    Les « mid cap » dans le domaine financier sont des sociétés « satellites » comme les sociétés de crédit-bail, les gestionnaires de fonds, les investisseurs en capital, les sociétés de capital investissement. Le marché est bien plus souple que sur les « large cap » financières.
    L’avantage c’est qu’un seul assureur satisfait les besoins de l’assuré en terme de capacités mobilisées. Dès lors la concurrence est plus grande.

    Sur ce marché, les risques évoluent eux aussi différemment. « Ces dix dernières années, il y a eu une grande généralisation de la RC des dirigeants. C’est devenu un produit très standardisé. Pour les autres risques qui relèvent des lignes financières, certains sont plus récents » détaille Eric Remus.

    Le risque de fraude par exemple, affiche des résultats techniques moyens et les assureurs restent prudents. Les franchises s’envolent, les montants sont plafonnés et les assureurs ne conservent qu’un rôle dans les fraudes catastrophiques et de grande ampleur. Les primes suivent ainsi les résultats de chaque compagnie et chaque client.
    « On peut presque dire que l’assurance créé le risque, car les fraudes sont plus révélées depuis que les assurances de ce type de risque existent » analyse le directeur du département Risques Financiers du courtier.

    Enfin, la RC employeur, garantie EPL en anglais, est présente même dans les mid cap. « C’est un risque tout a fait réel. Je ne connais pas d’entreprises, petites, moyennes ou grandes, qui n’aient pas à gérer des contentieux sociaux » souligne Eric Remus. « Comme c’est un risque quasi-certain, les assureurs restent prudents et gèrent leurs engagements en modulant les franchises. Ils sont plus présents en cas de dérives de sinistres. Mais ces garanties ne sont pas encore généralisées. »
    Si le risque existe, la couverture est imparfaite selon plusieurs observateurs ce qui n’encourage pas à la souscription.

    Pour les lignes financières, l’avenir pourrait donc se situer dans ces mid cap, nouveau relais pour des assureurs un peu frileux pour accompagner les grands groupes et qui posséderaient des réseaux capables de toucher les PME et PMI.

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